Anti-stress mobile
Michel Crépault
Quand je vois une Classe C ou une Classe E, je me dis que voilà des propriétaires qui ont pris une sage décision, c’est-à-dire se procurer un véhicule fort complet. Quand je vois une Classe S, je me dis qu’à bord se trouvent des privilégiés ou des gens dont l’endettement vient d’en prendre pour son rhume.
Carrosserie
La firme de Stuttgart n’introduit aucune nouvelle version de la Classe S en 2005. Au contraire, pour le Canada, la gamme passe de huit à six modèles: deux S430 4MATIC, l’une à empattement normal, l’autre allongé ; deux S500, toutes deux à empattement long mais l’une à propulsion alors que la deuxième adopte le dispositif 4MATIC; enfin, la S55 AMG et la S600 à empattement long. Les S430 à propulsion (sans 4MATIC), courte et longue, resteront en Europe.
Habitacle
Aucune nouvelle option ou nouvel équipement. Ce qui demeure, par contre, c’est l’extrême confort. Dans le siège du conducteur d’une S, on a l’impression de se retrouver aux premières loges d’une pièce de théâtre dont le titre serait Extases et chuchotements. Pendant que les yeux embrassent la beauté des matériaux qui forment d’élégantes zones (pour la climatisation, pour la sono, etc.) ou qui, tout autour du tableau de bord ou à l’intérieur des portières, s’élancent en belles arabesques, les doigts ne souhaitent que caresser ces cuirs et ces bois taillés à la perfection. Le plaisir n’est pas moins grand sur la banquette arrière. Le dégagement pour les jambes est indécent, votre dos ne voudra plus s’arracher à cet environnement princier et vous chercherez instinctivement la coupe de champagne.
Mécanique
Un V8 de 4,3 litres et 275 chevaux; un V8 de 5,0 litres et 302 chevaux; un V8 de 5,5 litres qui, grâce à un compresseur, fournit la bagatelle de 493 chevaux, la même puissance obtenue sous le capot de la S600 mais, dans ce cas, grâce à un V12 de 5,8 litres suralimenté par non pas un mais bien deux turbocompresseurs. La S500 peut s’enorgueillir d’une transmission automatique à sept rapports. Le principe est simple : plus il y a d’engrenages dans la boîte, moins le moteur a besoin de rotations pour accroître sa vitesse, ce qui lui permet de réduire à la fois la consommation d’essence et les bruits parasites. Par contre, si le conducteur réclame sur-le-champ une puissance accrue, l’électronique qui gère la transmission n’hésitera pas à sauter un ou deux rapports pour fournir le couple souhaité. Le système 4MATIC, pour sa part, se résume essentiellement à un échange de couple entre l’avant et l’arrière dans un ratio de 60 : 40 (du côté de la Classe M, le système préfère plutôt 50 : 50), avec l’application du frein sur l’une ou plusieurs des quatre roues surprises à tourner plus rapidement que leurs consoeurs (donc qui patinent…).
Comportement
Oui, on perçoit les kilos de l’auto mais jamais comme un handicap. Pensez plutôt à un boxeur poids lourd capable de danser dans le ring avec la finesse d’un John Travolta. La S est tout bonnement synonyme de souplesse. Vous voulez attaquer l’autoroute en arrachant du bitume ? Pas de problème. Vous voulez naviguer en appréciant le confort feutré de l’habitacle ? Pas de problème non plus. Bien entendu, le diamètre de braquage est ample et le volant épais n’incite pas vraiment à la bagarre. Mais on ne sait jamais. Que se pointe un p’tit insolent, la casquette à l’envers, et vous aurez peut-être envie de lui montrer qu’une Classe S ne sert pas seulement à aller à la messe…
Conclusion
Lorsqu’on se sent en parfait contrôle, la journée s’annonce bonne. Au volant d’une Classe S, cette sensation peut durer à l’année longue…
Forces
• Mélange de muscle et de silence • Ergonomie dans l’habitacle • Solidité tous azimuts
Faiblesses
• Coût initial qui demande la foi • Entretien dans la même veine •Fiabilité délicate
Nouveauté en 2005
•Une teinte de gris en remplace une autre…, nouvelle couleur intérieure, versions S430 à roues motrices arrière discontinues
2e opinion Benoit Charette
• La Classe S possède la force tranquille des gens qui ont confiance en eux-mêmes. Contrairement à ses concurrentes, elle n’affiche pas de lignes provocantes ou novatrices : elle joue la carte de la tradition. Après tout, c’est elle qui a tracé le chemin à suivre en matière de berline de luxe et son titre de grande routière lui sied encore très bien. Une chose est certaine : vous obtiendrez toujours le respect de votre entourage en choisissant une Classe S. Mais avec le renouvellement récent des Audi A8, BMW Série 7 ou Jaguar XJR, Mercedes devait réagir et pour 2006, une nouvelle Classe S fortement inspirée de la Maybach et de la nouvelle CLS se pointera chez les concessionnaires.