Cachalot apprivoisable
Daniel Rufiange
La Classe R n’est certes pas le véhicule le plus populaire de Mercedes, mais il est de loin le plus intriguant. Derrière des formes bizarroïdes se cache un véhicule multifonction charmant au point de nous faire oublier qu’on pilote un bolide pas très joli. Mercedes-Benz prévoyait vendre annuellement plus de 50 000 exemplaires aux Américains; la meilleure cuvée a été celle de 2006 avec un peu plus de 18 000 modèles écoulés; depuis, ce chiffre à fondu de moitié. Au pays, la Classe R s’écoule au compte-gouttes. Assiste-t-on au lent naufrage de ce paquebot ?
Carrosserie
À un prix de base qui frise les 65 000 $, on ne parle pas d’un véhicule qui s’adresse à la masse mais bien d’un jouet excentrique que lorgnent les familles plus fortunées.
En termes d’esthétique, rien ne ressemble à la Classe R. Son profil allongé lui confère une allure distincte qui, à première vue, confond les regards. Est-ce un utilitaire, un VUS ou une familiale ? En réalité, la Classe R, c’est tout cela. Assez basse pour donner l’impression d’être une familiale, assez longue pour se faire passer pour une fourgonnette et assez fonctionnelle pour narguer bien des utilitaires.
À l’avant, on reconnaît l’emblème Mercedes-Benz de tous les angles. Le nez plongeant favorise l’aérodynamisme, élément capital qui permet à la Classe R d’être moins gloutonne. Son profil se recroqueville à l’arrière; ça plaît ou ça déplaît. Chose certaine, elle ne laisse personne indifférent.
Habitacle
On passe par différentes émotions à l’intérieur. D’abord, je dois avouer que, en termes visuels, le premier coup d’œil m’a déplu. C’est probablement en raison de cette affreuse console centrale dont le design ne s’harmonise aucunement avec la planche de bord. Les critiques virulentes s’arrêtent cependant là. L’habitacle de la Classe R demeure sublime. Au volant, on se sent comme un chauffeur d’autobus tellement le « camion » est long. Rien à voir avec le simili-confort des bus scolaires jaunes, cependant. La qualité des matériaux et de leur assemblage nous rappelle rapidement la marque à laquelle ils sont associés. L’enchantement se poursuit quand on prend place à l’arrière. Les fauteuils qui nous reçoivent sont confortables, et l’espace à notre disposition, très suffisant. Même la troisième banquette laisse deux adultes s’y installer sans trop de difficulté et ne se révèle pas désagréable lors de longs trajets. Et que dire de l’insonorité !
Mécanique
Depuis la disparition du moteur V8 l’an dernier et l’abandon d’une version AMG de la Classe R, il ne subsiste que deux moteurs V6 pour répondre à la demande. Bien franchement, un seul suffirait. Le moteur diesel V6 BlueTEC de 3 litres offre une puissance similaire à l’autre engin mais se montre beaucoup plus économique. De plus, il est discret au point où on oublie qu’il s’agit d’un diesel. La boîte de vitesses à 7 rapports, qui fonctionne tout en souplesse, y est certainement pour quelque chose. Pour ceux que la chose diesel indiffère, le V6 de 3,5 litres à essence sans plomb fait aussi du bon travail.
Comportement
Au volant, les surprises se bousculent. Le degré de confort est remarquable, et la tenue de cap, impressionnante. La Classe R n’a cependant aucune prétention sportive et est accablée d’un inévitable roulis relié à sa masse. Elle ne désire pas être malmenée, simplement dorlotée. Le freinage est puissant et stable.
C’est sur l’autoroute qu’on l’apprécie. Je m’imagine moins à son volant dans les dédalles du centre-ville de Montréal à me chercher un stationnement. À chacun son terrain de jeu; la Classe R préfère les grands espaces.
Conclusion
Pourquoi une Classe R ? Pourquoi pas ? Si vous en avez les moyens et compter dépenser plus de 50 000 $ pour un véhicule utilitaire, pourquoi ne pas opter pour la différence en vous procurant un véhicule à l’image prestigieuse et bourré de panache. Surtout que sa consommation demeure très raisonnable. Et puis, il y a ce voyage de golf que vous planifiez depuis longtemps…
Points forts
– Lignes distinctives
– Consommation de son moteur diesel : entre 9 et 10 litres aux 100 kilomètres
– Habitabilité
– Confort princier
Points faibles
– Planche de bord à revoir
– Visibilité
– Prix des options