Rencontre du troisième type
Benoit Charette
Si quelqu’un me demande spontanément de placer la Classe R sur l’échiquier automobile, j’avoue que c'est très difficile. Comme les extraterrestres, il faudrait créer une classe à part pour y inclure cette nouvelle race de véhicule. La meilleure définition serait probablement celle du plus luxueux véhicule pour six personnes sur le marché.
Carrosserie
L’avant en triangle avec de larges ouvertures de radiateur et le becquet plongeant vers le sol inspirent beaucoup de dynamisme et atténuent les proportions hors norme. De profil, la longue ligne arquée des fenêtres donne à la Classe R un air de coupé et les grosses jantes contribuent à l'harmonie de la ligne en imitant les proportions d'une berline. Les roues spéciales de 21 pouces de la version 63 AMG, les jupes plus étendues et le double échappement chromé parviennent à donner un regard menaçant à ce pachyderme. Le logo 6,3 AMG ne laisse aucun doute sur les capacités de ce surprenant sport-familial.
Habitacle
À bord de la Classe R, les deux premières rangées pourraient être qualifiées de classe affaires. Inutile de choisir entre le couloir ou le hublot: vous aurez les deux à la fois grâce aux sièges capitaines plus que confortables. La troisième rangée propose deux sièges qui offrent plus d’espace pour les jambes que la moyenne; même un adulte peut y prendre place confortablement. Toutefois, l’espace généreux accordé aux six occupants de la voiture se traduit par un manque d’espace cargo si toutes les places sont occupées (seulement 266 litres). L'ambiance à bord est douce et lumineuse grâce au toit panoramique en verre, et la climatisation multizone permet à chaque passager de choisir sa température individuellement. Tout comme les sièges de première classe, la R est disponible en option avec deux écrans LCD intégrés dans les appuie-tête avant.
Mécanique
Ce n’est pas le choix qui manque côté mécanique. Je vous mentirais si je vous disais que les 507 chevaux de la version AMG ne m’ont pas fait lever les poils de l’avant-bras. Ce moteur rugit tel un monstre et fait preuve de performances insoupçonnables pour une bête de presque 2,5 tonnes. Le prix insensé vous ramène rapidement sur terre. La version la plus intéressante est sans contredit la CDI 320. Ce moteur V6 Diesel de 201 chevaux offre 369 livres-pieds de couple et une consommation moyenne d’un peu plus de 10 litres aux 100 kilomètres. Le V6 essence de 3,5 litres manque un peu de souffle lorsque le véhicule est chargé, et le V8 de 5,0 litres s’acquiert de sa tâche au prix d’une consommation élevée.
Comportement
On dit souvent que prendre le volant d’une voiture haut de gamme allemande donne l’impression de conduire de l’intérieur d’un coffre-fort. Par son gabarit, son empattement très long, son système de transmission intégrale (60 % à l’arrière et 40 % à l’avant) et ses voies très larges, la R est d’une stabilité inébranlable. On se sent presque invincible. Si vous n’avez qu’une seule option à choisir, prenez la suspension Airmatic, qui offre un équilibre presque parfait entre le confort et la tenue de route. Il ne faut pas oublier que la R est d’abord orientée vers la famille. Elle est confortable et permet de voyager à six dans des conditions exceptionnelles. Il faut avoir conduit une de ces bêtes pour réaliser à quel point l’électronique peut accomplir de petits miracles. Dollar pour dollar, j’irais toutefois sans hésiter vers le Diesel qui, en plus d’être silencieux, offre des reprises aussi énergiques que le V8 avec une consommation tout à fait décente.
Conclusion
La R donne priorité aux passagers, et avec ses vitres arrière noircies et ses jantes polies, elle a tout d'une américaine qui aime se montrer. Bien équipée, vous serez soulagé de 70 000 $. Mais pour certains, la classe n’a pas de prix.
Forces
Classe et élégance Confort et ambiance à bord Moteur hallucinant (AMG) Rendement (Diesel)
Faiblesses
Manque de punch (R350) Consommation élevée (V8) Prix des options élevées
2e opinion par Carl Nadeau
Certes imposante, la Classe R est une voiture qui sait se faire apprécier. De loin, elle ressemble à une vulgaire Chrysler Pacifica, mais force est de constater leurs significatives différences. Le niveau de finition et la qualité des matériaux en font une Mercedes à part entière. Qu’il choisisse la version de base ou la monstrueuse version AMG (que j’adore à m’en confesser!), l’amateur de Mercedes trouvera son compte. La voiture accueille confortablement ses passagers (exception faite de la troisième rangée de sièges, un peu juste) et rend les randonnées en famille plaisantes. Les conducteurs pressés apprécieront la version AMG, pour rêver aux Autobahn allemandes en faisant route vers les parties de soccer du samedi matin.