Mimétisme gênant
Hugues Gonnot
Revenons en 1997, année du lancement du Classe M. Le marché des utilitaires de luxe est réservé aux produits américains et la concurrence n’y est pas très rude. Forte de sa légitimité dans le domaine du 4X4, avec le Classe G, Mercedes lance le Classe M : un véhicule conçu pour les Américains, d’abord vendu chez les Américains et fabriqué par des Américains. Ainsi, il a adopté les attributs typiques de ses concurrents américains… ainsi que leurs défauts.
Carrosserie
Huit ans et il demeure dans le coup sur le plan du design. C’est d’ailleurs l’un des points forts du véhicule, car il ne possède pas le côté macho (que tout le monde n’aime pas) de plusieurs de ses concurrentes.
Habitacle
Premier exemple de mimétisme. Le Classe M a connu sa dose de problèmes de finition. Et même si les ingénieurs ont travaillé fort pour résoudre les problèmes, le résultat n’est pas encore parfait et certainement pas à la hauteur de ses concurrents européens. Quand la base n’est pas là… La position de conduite s’avère acceptable, sans plus. La faute au siège qui manque de soutien lombaire. L’ergonomie est… acceptable, sans plus. La disposition de certains éléments ne convient pas (dont la radio et l’ordinateur de bord placé au-dessus du rétroviseur, typiquement américain). Le niveau d’équipement est à peine acceptable. Bon point pour la climatisation, efficace et facile à régler. Les passagers à l’arrière se trouvent relativement bien assis et ils ont suffisamment de place. L’espace de chargement est l’un des meilleurs de la catégorie. Le mécanisme pour rabattre les sièges se révèle un peu compliqué mais il est astucieux et, finalement, pratique. Pour sa dernière année de commercialisation, le Classe M a droit à un modèle Édition Spéciale. Pour 500 $ de plus, vous obtenez deux bossages sur le capot, des jantes spécifiques, un intérieur en cuir avec du bois poli à la main, des cadrans encerclés de chrome et des sièges avant sport chauffants et électriques.
Mécanique
Là, on se trouve dans du typiquement Mercedes. Les deux blocs en V à trois soupapes par cylindre offrent une belle souplesse d’utilisation. Ils sont secondés par une boîte automatique à cinq rapports très agréable, tant du point de vue de l’étagement que de la qualité de la commande. De plus, le ML500 de notre essai a consommé 16,2 litres aux 100 km, ce qui est relativement raisonnable compte tenu de la puissance de l’engin. Le système de transmission intégrale est du type permanent avec embrayage multidisque contrôlé par ordinateur, ce qui permet ainsi de répartir le couple aux roues qui en ont le plus besoin. Le Classe M se distingue de plusieurs de ses concurrents huppés par la présence d’un réducteur à commande électrique.
Comportement
Deuxième exemple de mimétisme. La direction est peu incisive mais en plus, contrairement à ce qui est le cas dans les véhicules américains, elle est très lourde en manoeuvre (une vraie direction de camion). À ce propos, les ingénieurs de Mercedes auraient-ils oublié d’y inclure un rappel ? On peut se le demander tant celleci est paresseuse à revenir. Rajoutez une pédale de freins spongieuse (au moins, les freins sont efficaces), un compromis de suspension parfois trop mou, parfois trop dur (mais avec une prise de roulis limitée) et vous comprenez que le Classe M se trouve à des années-lumière de l’agrément de conduite de ses concurrents directs.
Conclusion
En plus d’accuser le poids des ans, le Classe M s’est trop inspiré des américaines : allure sympa mais tenue de route sans inspiration et qualité de fabrication en retrait. Il y ajoute les défauts traditionnels de la marque: lacunes d’équipement et coût élevé. Pour le prix demandé, tournezvous sans hésiter vers les BMW X5, Volkswagen Touareg ou Volvo XC90.
Forces
• Allure encore dans le coup • Moteurs et boîtes agréables • Volume de chargement
Faiblesses
• Tenue de route sans inspiration • Détails de finition • Ergonomie •Fiabilité problématique
Nouveautés en 2005
•ML350 et ML500 Special Edition
2e opinion Philippe Laguë
• Le déclin de Mercedes-Benz coïncide avec l’introduction du ML, en 1997. Premier VUS construit par la firme de Stuttgart, c’était aussi le premier à être assemblé en Amérique du Nord. Visiblement, les critères de contrôle de la qualité n’y étaient pas aussi sévères qu’en Allemagne. Sept ans plus tard, la qualité d’assemblage semble avoir pris du mieux, mais c’est la seule amélioration notable : l’agrément de conduite est toujours inexistant, le confort n’est pas digne d’une Mercedes et les problèmes de fiabilité se sont répandus dans toute la gamme Mercedes. De plus, la façon dont les concessionnaires traitent leurs clients, comme en ont témoigné des lecteurs d’un quotidien montréalais, illustre parfaitement l’arrogance de ce constructeur, qui a pourtant perdu de sa superbe ces dernières années.