Sweet home Alabama!
Par Benoit Charette
Le plus américain des véhicules Mercedes, après un départ difficile et une qualité qui n’était pas à la hauteur des attentes, semble avoir atteint une vitesse de croisière et être devenu un produit digne de la marque à l’étoile d’argent. Est-ce à dire que les travailleurs de Tuscaloosa, en Alabama, auraient finalement apprivoisé la méthode de travail germanique ?
Carrosserie
Sans faire de bruit, le Mercedes ML350, offert en 2004 en versions classique et élégance, a remplacé le ML320 au cours de l’année 2003. Le seul autre modèle qu’offre Mercedes est le ML500 qui demeure pratiquement le même en 2004. Visuellement, le véhicule est toujours facilement identifiable grâce, entre autres, à l’énorme étoile d’argent qui trône sur la grille avant. Pour le reste, à quelques exceptions près, c’est le statu quo.
Habitacle
Critiquée pour son intérieur bon marché lors du lancement du véhicule en 1997, Mercedes a dû rajuster le tir pour faire face aux Lexus RX300 et aux BMW X5 qui devançaient largement le ML à ce chapitre. Concrètement, la console centrale a évolué, les rangements se sont multipliés (deux porte-gobelets) et un placage en ronce de noyer a fait son apparition pour faire disparaître un mauvais plastique. La climatisation s'offre également des commandes individuelles pour un confort amélioré des passagers. Enfin, le véhicule offre quatre prises de 12 volts. Bref, depuis deux ans, les Allemands ont laissé le côté spartiate d’une finition typiquement européenne pour adapter l’intérieur aux goûts des Américains du Nord.
Mécanique
Dans les entrailles du ML350, le moteur de 3,2 litres est passé à 3,7 litres. Les ingénieurs ont simplement refait l’alésage des cylindres, qui augmente de 7 millimètres. Ainsi, la puissance passe de 215 à 232 chevaux, et le couple, de 229 à 254 livres-pied. Le ML500 conserve son V8 de 5 litres et ses 288 chevaux. La seule boîte de vitesses offerte est l’automatique à 5 rapports.
Comportement
Le M est un utilitaire sport bâti comme une voiture : suspension indépendante aux 4 roues et sous-châssis séparé de la plateforme principale pour procurer un meilleur confort de roulement. Il ne faut pas oublier le système à 4 roues motrices intégrales doté de l’antipatinage à l’accélération aux 4 roues totalement indépendant. Comme le M s’adresse d’abord à une clientèle guindée, les aventures hors route sont quasiment proscrites, c’est pourquoi le système à 4 roues motrices est conçu pour la route. L’expression anglaise qui traduit le mieux les capacités hors route du M est « Medium Duty » ou capacité moyenne. La position de conduite élevée donne beaucoup d’assurance au volant. Les sièges ne sont pas aussi confortables que ceux d’une berline de Classe S, mais ils ne vous donneront pas de maux de dos. Le nouveau moteur de 3,7 litres est plus doux que le 3,2, et le surplus de puissance procure un meilleur aplomb au véhicule. Ceux qui désirent une conduite moins « dure » devraient regarder du côté des pneus. Car les pneus d’origine, tant sur le 350 que le 500, sont très durs et nuisent au plaisir de conduire.
Conclusion
En regardant l’évolution de la Classe M après six années complète sur le marché, force est de constater que ce véhicule, qui devait être la Mercedes du col bleu, reprend graduellement ses vraies valeurs. L’intérieur plus cossu, l’apparition des V8, les équipements plus étoffés et les prix qui augmentent en conséquence. Comme dit le vieil adage : « Chassez le naturel, et il revient au galop. » On peut aspirer à élargir sa clientèle, mais il ne faut pas négliger la main qui nous nourrit; Mercedes l’a réalisé et offre, en bout de piste, un meilleur produit.
Forces
Une conduite agréable et proche d’une berline Le confort général Un format bien proportionné
Faiblesses
Le rembourrage un peu mince des sièges L’accès à la banquette arrière difficile Les capacités hors route limitées
Nouveautés
Le modèle ML350 remplace le ML320 La couleur de carrosserie bleu platine Deux nouvelles couleurs intérieures
Gabriel Gélinas 2e opinion
Déclassée par la concurrence, la classe M, de Mercedes-Benz, paie le prix de sa conception technique avec châssis en échelle (similaire à celle d’un camion), alors que la plupart des véhicules concurrents sont construits avec une structure monocoque (similaire à celle d’une voiture). Résultat : la génération actuelle du ML se conduit vraiment comme un camion. La prochaine génération de ce véhicule sera entièrement revue puisque les rumeurs font état d’un nouveau véhicule qui sera justement élaboré à partir d’une structure monocoque. En attendant, mieux vaut se tourner vers autre chose, à moins de tenir beaucoup à la petite étoile d’argent qui surplombe le capot.