Un bûcheron en smoking
Amyot Bachand
Le Mercedes-Benz G500 attire l’attention, un peu comme le Hummer, à cause de son allure carrée issue de ses origines militaires. Il fait plutôt chic que costaud, mais l’habit ne fait pas le moine.
Carrosserie
Son allure cubique et étroite le distingue de la concurrence, notamment dans sa livrée argentée. Les pentures extérieures des portières rappellent que ce gros utilitaire n’a rien de moderne. D’ailleurs, il faut bien entretenir celles-ci l’hiver pour éviter qu’elles grincent. Les portières sont lourdes et difficiles à fermer. Assurez-vous d’avoir du lave-glace en quantité, car l’angle droit du pare-brise attire toutes les saletés et les moustiques. La qualité de construction de ce véhicule assemblé à la main en Autriche s’avère très bonne. Le coffre, accessible par une portière et non par un hayon, autorise un bon volume de chargement.
Habitacle
Le G500 accueille cinq personnes dans un niveau de luxe intéressant, tant que le véhicule n’est pas en marche : chaîne audio et système de navigation à la fine pointe, système de chauffage et de climatisation efficace, glaces électriques, cuir de qualité, finition irréprochable, etc. Le conducteur compte même sur un volant chauffant. Tout se gâte lorsqu’on roule : les sièges s’avèrent trop fermes, la suspension militaire vous fait sursauter aux moindres bosses. Les bruits éoliens rendent la chaîne audio inaudible à 100 km/h.
Mécanique
De par ses origines, cette bête constitue un véritable spécialiste du toutterrain avec sa boîte de vitesse à cinq rapports, ses trois boîtes de transfert verrouillables et ses deux différentiels autobloquants que l’on peut sélectionner au besoin. Mû au Canada par un V8 de 292 chevaux, le G500 compte sur un couple très élevé de 336 livres-pied. Ce V8 exécute de bonnes performances en mode deux roues motrices, atteignant les 100 km/h en 8,5 secondes et en effectuant des dépassements sécuritaires (80-120km/h) sous les 7,5 secondes. L’antipatinage et l’antidérapage, de série dans le G500, l’avantagent sur le plan de la tenue de route. Quatre freins à disques assistés avec ABS arrêtent ce tout-terrain en 45,5 mètres de 100 km/h à 0.
Comportement
Le G500 démontre une conduite ferme sur les autoroutes, mais lorsqu’on s’engage sur les petites routes de campagne, sa traction et sa tenue de route dépassent ses concurrents : sa vraie nature de camion prend le dessus sur son côté civilisé. Hors route, il devient phénoménal : j’ai dû faire mon chemin dans un vieux banc de neige glacé d’environ un mètre de haut et je me suis demandé après coup où était le banc de neige. Lorsqu’on veut revenir à un mode de traction normal, il faut se montrer très patient pour laisser le temps aux boîtes de transfert de se désengager. Oubliez la conduite en douceur : quand on cherche à démarrer doucement, on a l’impression que le transfert de puissance ne s’effectue pas. Il en résulte une conduite plus brusque. Avec un réservoir limité à 96 litres, on se retrouve régulièrement à la pompe pour faire le plein. Étroit et assez court, le véhicule se faufile bien en circuit urbain, mais on doit surveiller les virages aux intersections et le dégagement à l’entrée des garages intérieurs. Le diamètre de braquage de plus de 13 mètres exige souvent de reprendre des manoeuvres de stationnement.
Conclusion
Le G500 sort tout droit du collège militaire. Il rafle les honneurs du point de vue technique et de la conduite toutterrain. Bien qu’il se fasse civilisé à l’intérieur, on y gagnerait à améliorer le confort et l’ergonomie. Il ne passe pas inaperçu avec son look rétro. L’image qui me vient en tête est celle d’un bûcheron qui tente de s’habiller en PDG d’une compagnie de cosmétiques.
Forces
• Capacités hors route • Performances • Assemblage
Faiblesses
• Absence de confort • Diamètre de braquage • Ergonomie des commandes •Fiabilité délicate
Nouveautés en 2005
•Nouveau système GPS – Tele Aid, version G55 AMG (469 ch), rideaux gonflables avant et arrière, suspension retouchée, ceinture avec bandoulière pour le passager central
2e opinion Philippe Laguë
• Un regroupement d’associations écologistes françaises a décerné, l’été dernier, à Mercedes le prix du véhicule le plus polluant. C’est le monstrueux G500 qui a remporté ce titre peu convoité, se classant en tête du palmarès établi par l’Agence française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Avec 400 grammes de CO2 par kilomètre parcouru, le 4X4 de Mercedes émet quatre fois plus de gaz à effet de serre qu’une Toyota Prius, par exemple. Pour ajouter l’insulte à l’injure, la firme de Stuttgart, avec son arrogance coutumière, n’a rien trouvé de mieux que de lancer une version encore plus puissante, le G55 AMG. Puissance annoncée : 469 chevaux. Et n’oublions pas le triste bilan de Mercedes au chapitre de la fiabilité et du service après-vente… Résumons : les G500 et G55 sont surpuissants, polluants, hors de prix et toujours au garage. Inutile d’en rajouter.