L’homme ou la machine
Benoit Charette
Depuis plus de 20 ans, on se demande si l’on doit apprendre aux gens à être de meilleurs conducteurs ou si les fabricants d’automobiles doivent faire des voitures qui conduisent mieux à notre place; Mercedes-Benz a choisi la seconde solution. La nouvelle Classe E regorgent d’assistances électroniques qui font mieux les choses que bien des conducteurs, même les plus habiles. Nous sommes, dans le cas de cette nouvelle berline, sur le point d’assister au remplacement de l’homme par la machine. Elle fait tout de manière parfaite, calculée, mesurée, sans le moindre effort apparent, au point que sa conduite peut devenir un peu aseptisée. D’ici quelques années, il y aura peut-être même un bouton pour le pilotage automatique. Chose certaine, Mercedes-Benz démontre encore une fois qu’elle est le chef de file en matière d’innovations techniques dans le monde des berlines de luxe.
Carrosserie
Les nouvelles formes montrent qu’on délaisse clairement une époque chez Mercedes-Benz. Un peu à l’image du GLK qui se veut le véhicule du 21e siècle, on abandonne les rondeurs au profit d’un profil plus acéré. En matière d’esthétique, elle se démarque de sa devancière par des optiques rectangulaires séparées et des diodes de bas de caisse façon Audi. On retrouve toujours la mythique calandre chromée et la fameuse étoile cerclée. À l’arrière, le design est plus classique, même un peu générique. Le fabricant justifie le choix de ce design un peu terne par un coefficient de traînée de seulement 0,25 permettant d'économiser 0,25 litre aux 100 kilomètres à 130 km/h. Le coup d’œil général demeure fidèle à l’image de la marque, mais veut clairement démontrer un pas dans une nouvelle direction.
Habitacle
Tout comme la silhouette, l’intérieur abandonne les formes rondes pour adapter des lignes plus tendues, plus allemandes, tout en angle. Les sièges sont encore plus confortables avec un rembourrage en mousse intégré sous le revêtement en tissu ou en cuir (massage et places arrière individuelles en option). Les possibilités de personnalisation sont nombreuses, et les combinaisons de bois, d’aluminium et de cuir se multiplient entre la finition Classic de base, la sportive Avant Garde et la luxueuse Elegance. Toutes les versions offrent un équipement riche, et, vous l’aurez deviné, une liste exhaustive d’options. Le côté pratique n'est pas oublié avec une grande boîte à gants et un petit filet pour mettre des cartes contre la console centrale. Le levier de vitesses, automatique, est derrière le volant. Il y a en option des leviers de sélection, et l’on notera aussi le bouton de démarrage, partie intégrante de l'option Keyless-Go qui supprime la clé de contact. La couleur bleue des cadrans ajoute une touche de bon goût. La climatisation automatique est bizone, sauf sur la E550 où elle est quadrizone. Mais au-delà de l’équipement, ce qui permet de distinguer les voitures de luxe des autres sur le marché réside dans la liste des équipements offerts. À ce chapitre, Mercedes-Benz pousse l’offre plus loin que tous les concurrents dans cette catégorie. Vous savez déjà que Mercedes-Benz est gavée de systèmes électroniques, et cette nouvelle Classe E a de quoi impressionner. En plus des sept coussins de sécurité gonflables de série, on retrouve un système de détection de somnolence (Attention Assist) de série, le système de protection Pre-Safe (qui anticipe les accidents et prépare certains équipements de sécurité à intervenir) et le capot actif (il se lève de 50 millimètres afin d’amortir l’impact avec piéton) de série. En option, le client pourra opter pour une assistance aux feux de route (Adaptive Main Beam Assist), la vision nocturne avec détection de piétons, l'alerte de franchissement de ligne involontaire, le radar adaptatif (qui freinera automatiquement l'auto quand un véhicule se présentera devant votre Classe E), l'avertisseur d'angle mort et le freinage automatique en cas de risque de collision. Les modèles européens profitent même d’un système de reconnaissance des panneaux de vitesse qui s’affiche devant vous sur un petit écran témoin et vous avertit si vous dépassez la vitesse permise.
Mécanique
La nouvelle Classe E est disponible avec les trois mêmes moteurs que la génération précédente. Le modèle V6 de 3,5 litres de base et ses 268 chevaux, le modèle E550 et son V8 de 382 chevaux et la puissante E63 AMG et ses diaboliques 507 chevaux. Mercedes a simplement souligné que les mécaniques ont fait l’objet de quelques réglages pour une meilleure consommation de carburant. La nouveauté arrivera au printemps 2010 avec la 350 Diesel BlueTEC, la technologie diesel la plus propre sur la planète. Une version familiale viendra également se joindre au reste de la famille. Les modèles 350 et 550 sont uniquement offert en version 4Matic, alors que la 63 AMG demeure une propulsion. Tous les modèles profitent de l’excellente boîte de vitesses automatique à sept rapports.
Comportement
Il est plutôt rare que je me lance dans des essais routiers de nuit, mais je l’ai fait pour cette Classe E. Il y avait naturellement un but à cet exercice, celui de tester deux nouveautés offertes sur la liste des options. La nouvelle Classe E est dotée d’un assistant feux de route qui adapte automatiquement la luminosité des phares la nuit afin d’éclairer le plus largement possible la chaussée en permanence, mais surtout pour ne pas éblouir le conducteur d’un véhicule qui arriverait dans l’autre sens. Une sorte de passage automatique feux de route/feux de croisement en quelque sorte. Cela a également permis de faire l’essai du système de détection nocturne. Dans le cas des phares automatiques, cela a bien fonctionné et il n’y a rien à redire du système de détection nocturne. Toutefois, ce système est plus pratique pour le passager, car on doit quitter les yeux de la route pour bien voir l’écran et l’image. Pour ce qui est de la conduite, la Classe E comme beaucoup de générations qui l’ont précédée souffre d’une petite lourdeur au volant. La communion entre le conducteur et la route n’est pas parfaite. Toutefois, la solidité de la caisse, l’excellent travail de la suspension et l’adhérence des pneus compensent largement ce léger manque, J’ai entre autres été impressionné par la suspension pneumatique de la E 550 qui s’accroche fortement à la route, même sous la torture. Vous ne serez probablement pas surpris d’apprendre que ma version préférée est le Diesel qui offre une sensation de conduite plus prompte que le V6 à essence avec une économie de carburant que j’ai maintenu sous la barre des 7 litres aux 100 km. Le V8 relève un peu de la gourmandise, vous n’avez pas besoin de cette puissance, mais la disponibilité du V8 et la justesse de son chant demeure une musique si douce aux oreilles des amateurs.
Conclusion
Mercedes garde sa place comme précurseur de nouvelles technologies dans la gamme des véhicules de luxe. Cette nouvelle classe E n’est certes pas aussi dynamique qu’une BMW de Série 5, mais vous ne perdrez pas pied à moins de faire une grave erreur de conduite. Solide, luxueuse, elle respire le travail bien fait et conserve toutes les qualités qui ont fait sa renommée.
Forces
Très haut degré de sécurité
Une tenue de route solide
Un Diesel propre et performant
Faiblesses
Une direction un peu lourde
Une liste longue et coûteuse d’options
Une conduite un peu aseptisée