Conjuguer art et puissance
Par Benoit Charette
Mercedes, plutôt reconnue pour le conservatisme de ses lignes, a surpris un peu tout le monde en introduisant la CLS en 2005. La compagnie a alors transgressé la règle d’or selon laquelle la forme doit correspondre à la fonction. En concevant la CLS, on s’est bien sûr préoccupé de son design, mais sans tenir compte de sa fonction. Depuis, cette berline aux allures de coupé n’a cessé d’accumuler les éloges.
Carrosserie
Avec ses lignes acérées, son pavillon plongeant et son allure franchement sportive, la CLS est en quelque sorte le chaînon manquant entre la fade Classe E et l’opulente Classe S. Elle est d’une beauté à couper le souffle. Becquet agressif, quatre sorties d’échappement, châssis au ras du sol posé sur d’imposantes roues de 18 pouces : la Mercedes CLS 63 AMG annonce franchement ses couleurs… C’est encore plus vrai pour les modèles en noir, teinte qui leur confère un aspect menaçant et presque vicieux.
Habitacle
Il procure un confort sans reproche. Le cuir y est omniprésent; quant à la sellerie, elle offre à la fois une excellente position et les multiples réglages électriques de série. Si les places avant bénéficient d’une garde au toit satisfaisante, il en va tout autrement à l’arrière. En raison de la courbure du pavillon, l’accès est un peu difficile: il faut vraiment courber l’échine pour s’installer à l’arrière. Une fois assis, cependant, vous disposerez de beaucoup d’espace, étant donné que le siège central a été remplacé par un accoudoir. Si vous faites plus de six pieds, en revanche, vous devrez garder la tête penchée… Pour le reste, l’insonorisation est sans faille, le coffre de 505 litres est généreux, et tous les plus récents gadgets électroniques sont disponibles.
Mécanique
En Allemagne, la guerre de chevaux-vapeur que se livrent BMW, Mercedes et Audi est sans merci. Il y a à peine trois ans, la CLS offrait un V8 de base de 302 chevaux. Dès l’année suivante, une CLS 55 AMG délivrait 469 chevaux. Depuis l’an dernier, dans son souci de ne pas se laisser distancer par ses rivaux, la CLS offre le nouveau 5,5 litres de 382 chevaux (tiré de la Classe S) dans sa livrée de base. Et Mercedes peut se targuer de proposer, avec la CLS 63 AMG, le V8 atmosphérique le plus puissant du marché : il compte pas moins de 507 chevaux! C’est 7 de plus que le V10 de BMW, et les 435 chevaux pourtant imposants de la S6 semblent bien loin derrière. Toute cette puissance, jumelée à la magnifique boîte 7G-Tronic, fait de cette voiture un véhicule très, très agréable à conduire.
Comportement
J’ai eu la chance, que dis-je, le privilège de visiter l’usine AMG en Allemagne l’automne dernier. Pour l’occasion, Mercedes avait mis à notre disposition tous les modèles AMG. Mon confrère Carl Nadeau et moi avons pu attaquer l’Autobahn et voir ce que ces petits bijoux avaient dans le ventre. Dès qu’on appuie sur le bouton «start/stop engine», le moteur se met en marche dans un grondement profond. Après quelques kilomètres sur des routes de campagne, à proximité de l’usine, la CLS m’a catapulté sur l’autoroute. En 4,5 secondes, j’étais déjà à 100 km/h, et en moins de deux je roulais à 250, le point de coupure de la voiture dont le compteur est gradué jusqu’à 320 km/h (vitesse probablement atteignable si le moteur n’était pas bridé). Ça va vite, très vite. Le châssis, avec une suspension pneumatique ajustable en trois modes, est d’une très grande efficacité, et les énormes freins suivent le rythme, peu importent vos ambitions. Il faut simplement faire attention aux routes plus sinueuses qui mettent en relief le poids imposant de la voiture. Toute cette puissance dans les roues arrière demande beaucoup de doigté.
Conclusion
La CLS 63 AMG est un missile routier facile à conduire, mais un peu extrême pour un usage nord-américain : l’état de nos routes n’est pas compatible avec sa suspension sport plus « raide ». La 550 offre bien assez de chevaux pour vous procurer beaucoup de plaisir.
Points forts
Puissance astronomique Accélérations magiques Boîte de vitesses parfaitement synchronisée Châssis d’une rigidité remarquable Freins au-dessus de tout soupçon
Points faibles
Prix exorbitant Places arrière inconfortables (trop peu d’espace)
2e opinion Hugues Gonnot
Avouons que Mercedes a réalisé un joli coup avec la CLS. Réussir à vendre ce qui n’est finalement qu’une Classe E plus onéreuse, simplement parce qu’elle est plus belle, chapeau! Et il est vrai qu’elle est belle, la CLS. Mais reste qu’appeler ça un coupé 4 portes est une jolie fumisterie. Malheureusement, les lignes fuyantes à l’arrière se font au détriment de la garde au toit, un peu trop juste pour des adultes. Pour le reste, on est en terrain connu: moteurs agréables, boîte 7G-Tronic idéale, confort de roulement ayant préséance sur la tenue de route, belle finition intérieure et fiabilité électronique encore sous observation. Mais la recette est bonne et d’autres constructeurs, alléchés par des marges juteuses, s’apprêtent à franchir le pas.