Personnalité complexe
Par : Pascal Boissé
La berline de Classe C, apparue en 2008, démontre bien que Mercedes-Benz a tiré certaines leçons de ses récents déboires. Sans être parfaite, cette voiture donne des signes encourageants d'un recentrement de ce constructeur autour de ses compétences fondamentales qui étaient de fabriquer les meilleures voitures qui soit sans faire de compromis.
Carrosserie
La voiture est nettement plus élégante qu'avant avec des proportions justes, une posture dynamique ainsi que des phares et une calandre évoquant juste ce qu'il faut de sportivité et de menace pour rendre l'ensemble crédible. Auparavant, la Classe C n'arrivait pas à se démarquer face à la BMW Série 3 ou à l'Audi A4, ses éternelles rivales au dessin plus racé. Avec ses lignes incendiaires, le modèle actuel est devenu une voiture séduisante qui relègue aux oubliettes l'image de gentille savonnette qui fut jadis celle de la Classe C.
Habitacle
À l'intérieur, la qualité est au rendez-vous, et l'ensemble respire la solidité. Cependant, bien que les dirigeants de Mercedes-Benz aient fait leur mea-culpa au sujet des nombreux problèmes reliés à l'électronique, l'habitacle de la Classe C est toujours tapissé d'une multitude de boutons auxquels s'ajoute un système de contrôle centralisé encore trop complexe, actionné par un sélecteur circulaire logé dans l'accoudoir. Si Mercedes-Benz ne semble pas encline à se débarrasser de ses systèmes électroniques alambiqués, espérons seulement qu'elle aura su investir pour assurer leur robustesse. Par ailleurs, la position de conduite ne plaira pas à tous puisqu'on est littéralement assis par terre. Cette posture, à laquelle on s'attend dans une authentique sportive, semble un peu basse dans une berline de ce type. Cela permet probablement des gains au chapitre de l'aérodynamisme ainsi que dans l'obtention de lignes plus fluides en abaissant le pavillon, mais c'est au détriment des vertèbres lombaires fragiles d'un certain pourcentage de la clientèle traditionnelle de Mercedes-Benz.
Mécanique
La Classe C propose trois moteurs V6 : un 2,5-litres, un 3-litres et un 3,5-litres. Des versions 4Matic à transmission intégrale sont également offertes pour chacune de ces motorisations. Si vous êtes aussi cinglé que riche, il y a encore la version C63 AMG qui s'ajoute à la gamme : son énorme V8 de 6,2 litres développe 451 chevaux. Les plus sages auraient sans doute préféré une version à moteur diesel, comme le 4-cylindres de 2,2 litres ou le V6 de 3 litres qui circulent en Europe. Si le V6 de notre voiture d'essai nous a paru en verve, on ne peut pas en dire autant de la boîte de vitesses automatique qui semblait dépassée par les évènements : elle mettait plusieurs secondes avant de se décider à rétrograder et ne semblait pas toujours se souvenir de ses rapports. Mentionnons que seule la C230 a droit à une boîte manuelle à 6 rapport.
Comportement
La Classe C hésite entre son caractère sportif et sa personnalité plus cossue. La sonorité du moteur, la position de conduite et la très grande fermeté des suspensions vous incite à voir en elle une sportive. Par contre, l'apathie de sa boîte de vitesses ainsi que la légèreté de sa direction ne sont pas du tout compatible avec cette orientation. Clairement, la suspension, qui comporte des amortisseurs adaptatifs, ne possède pas la souplesse requise pour négocier nos routes québécoises défoncées et mal entretenues. Ses deux modes, "Confort " ou "Sport", pourraient être rebaptisés "très dur" et "trop dur".
Conclusion
La version de base de la Classe C est maintenant plus accessible qu'avant et vendue bien moins cher qu'une Volkswagen Passat munie d'un V6. En outre, elle possède les qualités qui nous faisaient aimer, jadis, les produits Mercedes-Benz mais sans les artifices qui ont nui à leur réputation. De plus, malgré quelques défauts agaçants, la Classe C a de la personnalité, ce qui est rarement le cas de ses rivales japonaises.
Deuxièeme avis : Carl Nadeau
La dernière refonte de la Classe C est assez osée; on a su s'inspirer des formes du passé tout en osant un design qui la fait paraître plus massive. Quand on l'observe de l'extérieur, on a définitivement l'impression qu'elle est beaucoup plus coûteuse qu'elle ne l'est. La conduite est typiquement Mercedes, elle a de bonnes capacités sportives, mais elle est axée sur le confort. La suspension offre un savant mélange de rigidité et de douceur, le tout dans une absence quasi totale de roulis en virage. Il est dommage que quelques problèmes de fiabilité viennent ternir l'aura d'une si belle voiture, mais le service de Mercedes-Benz devrait compenser pour les inconvénients. Pour le montant demandé, la Classe C est une voiture qui offre beaucoup de prestige et qui ne se démodera pas.