La bourgeoise se décrispe
Par : Philippe Laguë
Depuis le début du nouveau millénaire, le créneau des berlines de luxe compactes connaît une croissance sans précédent. Les nouveaux joueurs se sont multipliés, les autres se sont raffinés, poussant ainsi les ténors allemands à se surpasser. Les bienfaits de la concurrence se sont notamment faits sentir chez Mercedes, dont la Classe C n'a jamais été en si bonne santé.
Carrosserie
Lors de sa refonte, il y a deux ans, la Classe C a emboîté le pas à BMW et Audi en multipliant les configurations. Une familiale et un coupé se sont greffés à la gamme. Les modèles C240 et C320 sont offerts sous la forme d'une berline ou d'une familiale. Les adeptes du rouage intégral seront heureux d'apprendre que tous les modèles de Classe C peuvent recevoir, moyennant supplément, la transmission 4MATIC en 2003. Cela ne s'applique pas au coupé C230, qui fait bande à part (voir autre texte).
Mécanique
Les deux motorisations offertes ne subissent aucune modification cette année. Si leur architecture est la même (un arbre à cames en tête, trois soupapes par cylindre), ces V6 se différencient par leur cylindrée et leur puissance. À ce chapitre, le rendement du plus modeste des deux constitue une heureuse surprise. Sur papier, ses chiffres n'ont rien de renversant (2,6 litres, 168 chevaux); mais lorsqu'on enfonce l'accélérateur, ce moteur ne semble pas avoir de fin. À haute vitesse, il est particulièrement impressionnant, autorisant des pointes supérieures à 220 km/h. Quant aux prestations du V6 de la C320, elles sont conformes à sa cylindrée (3,2 litres) et sa puissance (215 chevaux). Le renouvellement de la Classe C marquait également le grand retour de la boîte manuelle dans une Mercedes. Celle-ci est réservée exclusivement à la C240, ce qui apparaît comme une décision pour le moins saugrenue. D'autant plus que ladite boîte rehausse l'agrément de conduite, tirant le maximum du moteur tout en se montrant des plus agréables à utiliser. La boîte automatique n'est pas en reste : de type adaptative, elle épouse le style de conduite de celui ou celle qui se trouve derrière le volant. Pour des réactions plus rapides, il suffit d'avoir recours au mode séquentiel TouchShift.
Comportement
En matière de freinage, les C240 et C320 se situent dans le peloton de tête. On aimerait une direction plus nerveuse, moins lente, mais elle se fait pardonner par sa précision et son court rayon de braquage. Sur un parcours sinueux, les nombreux dispositifs d'aide au pilotage s'occupent de maîtriser le survirage et les mouvements de caisse. On aurait aimé une suspension plus ferme, avec moins de débattement, mais c'est ce qui différencie une Mercedes d'une BMW : l'une privilégie le confort, l'autre, les prestations routières. À défaut d'être sportive, la Mercedes est maniable, agile même, et procure un agrément de conduite supérieur à la moyenne. De plus, il s'agit d'une voiture conçue pour rouler sur l'Autobahn et ça paraît : à haute vitesse, la tenue de cap est rassurante.
Habitacle
Chez Mercedes, on n'a toujours pas compris que le lecteur DC fait partie de l'équipement de série de la plupart des voitures vendues en Amérique du Nord, toutes catégories comprises. Ce qui est d'autant plus regrettable que la qualité sonore de la chaîne stéréo ne jettera personne par terre. Le tableau de bord constitue une autre déception, tant par sa présentation que l'emplacement des cadrans. Ceux-ci sont indignes du standing de la voiture, avec leur fond qui ressemble à du carton. Par ailleurs, les gens plus âgés pesteront contre les chiffres microscopiques qui indiquent à quel rapport se trouve la boîte automatique. Une dernière critique : le dossier de la banquette arrière ne se replie pas. Heureusement, il y a toujours la familiale. Les fleurs, maintenant : un confort impérial, rehaussé par d'excellents sièges, à l'avant comme à l'arrière, et une insonorisation remarquable. En ce qui a trait à l'habitabilité, les C240 et C320 se situent dans la moyenne.
Conclusion
On ne se lasse pas de conduire une Mercedes de Classe C. Confortable et silencieuse, cette bourgeoise est moins rigide, plus enjouée, que sa devancière. Avec la boîte manuelle à 6 rapports, la C240 n'a rien d'une voiture ennuyante; au contraire, il y a belle lurette qu'on n'a pas vu la petite Mercedes à pareille fête !
Forces
Choix de configurations
Agrément de conduite en hausse
Excellents moteurs
Boîte manuelle agréable (C240)
Tenue de cap rassurante
Insonorisation remarquable
Faiblesses
Tableau de bord à revoir
Lecteur DC optionnel
Pas de boîte manuelle (C320)
Prix corsés
Deuxième avis : Éric Descarries
C'est fou ce que cette auto m'a impressionné; la version de base à boîte de vitesses manuelle, surtout, qui a des allures de berline sportive. Le gabarit est parfait pour la ville, et l'aménagement intérieur est tout simplement exemplaire. La familiale, construite avec style et avec goût, est une voiture singulière. Même s'il s'agit d'une propulsion, chaussée de pneus d'hiver appropriés, elle se débrouille très bien autant dans la neige que sur la glace. Pour ce qui est du coupé, j'ai été moins emballé. La sonorité du moteur à 4 cylindres détonne avec le style de cette voiture. Et je ne la trouve pas aussi jolie. Matière de goût, évidemment !