La dame en rouge
Frédéric Masse
Michel Louvain chantait haut et fort qu’il était amoureux de la dame en bleu, moi, c’est celle en rouge qui m’intéresse. Rouge flamme, rouge passion, elle n’était pas seule à sa table, mais au milieu de son espace de stationnement. Pour un chroniqueur automobile, c’est presque aussi romantique…
Carrosserie
Selon la rumeur, on attendra 2009 ou 2010 pour voir la future génération de RX-8, qui sera vraisemblablement renommée RX-7 (et équipée de deux turbos). Mais d’ici là, on ne s’ennuiera pas. À la regarder et à la façon dont on se fait regarder quand on la conduit, cette voiture semble n’avoir pris aucune ride. Malgré ses lignes étranges, elle a conservé son charisme. Les petites portes arrière devraient être offertes plus souvent. Grâce à elles et à un coffre de bonne taille, on peut se permettre une RX-8 même avec un bébé. Preuves à l’appui!
Habitacle
Une fois confortablement assis dans un siège ferme et offrant un bon support, on prend en main un volant de dimensions idéales. Au milieu du champ de vision, le compte-tour permet de constater que la RX-8 aime chanter jusqu’à 9000 tours/minute. On trouve instinctivement les différents contrôles. Le design du frein à main rappelle le moteur à rotor. Les matériaux, la finition et l’assemblage sont impeccables. À l’arrière, étonnamment, il y a de l’espace, assez pour transporter deux adultes sur une courte distance.
Mécanique
Le moteur rotatif, appelé RENESIS par Mazda, provient d’un brevet déposé par Félix Wankel en 1957. C’est cette mécanique qui donne tout son sens à la RX-8. Le principe est assez simple: transformer un mouvement linéaire alternatif en mouvement rotatif où s’accomplira le cycle de quatre temps grâce à un rotor. Le moteur est très compact (1,3 litre). Cette particularité permet de le placer derrière l’essieu avant, pour une répartition idéale des masses. Pour sa taille, le RENESIS produit beaucoup de chevaux, soit 237 avec la transmission manuelle (212 avec l’automatique à six rapports), mais peu de couple, soit 159 lb-pi à 5500 tours/minute (164 lb-pi avec l’automatique). Il demande en plus beaucoup d’essence, au moins 15 litres aux 100 km si on s’énerve un peu. À ce rythme, son minuscule réservoir de 60 litres ne lui offre pas assez d’autonomie.
Comportement
Avec des pneus de 18 pouces et un châssis capable d’en prendre, la RX-8 offre un des meilleurs rapports prix/tenue de route. Agréable à conduire, agile et pas trop dure pour le dos, elle surprend par sa maniabilité. Mais il y a un mais: le manque de couple flagrant et parfois agaçant. Sur l’autoroute, il faut constamment rétrograder pour dépasser. Même chose lorsque, sur de petites routes de campagne, on s’attaque à une montée abrupte: six, cinq, quatre, trois… bon… Paradoxalement, c’est sur ces routes que la Mazda vit pleinement. Elle aime enfiler les virages serrés, les vallons enchantés. Fenêtres abaissées et moteur chantant, appréciez sa sonorité exquise et unique. Accompagnez cela de sa boîte manuelle précise et de sa pédale d’embrayage douce à manier, et imaginez mon sourire radieux. Si vous deviez freiner en catastrophe, vous pourrez compter sur une puissance de freinage époustouflante.
Conclusion
Les ventes de la RX-8 sont en baisse. Cette voiture consomme beaucoup d’essence. Elle demande un entretien particulier. Elle manque de couple. Mais qu’est-ce que j’aime cette RX-8! Sa tenue de route est davantage de la trempe d’une voiture de 80 000$ que de 40. À la conduire quotidiennement, j’ai appris à l’aimer, à apprécier son confort et ses portes arrière. Y a-t-il de meilleures voitures sport à ce prix? Oui. Y en a-t-il d’aussi uniques, pratiques et qui disposent d’une technologie aussi pointue? Non.
Forces
Portes arrière ingénieuses Rapport tenue de route/prix impressionnant Freinage digne d’une Porsche Sonorité exquise Ne malmène pas trop les occupants pour un coupé sport
Faiblesses
Pas assez de puissance; vivement les turbos (!) Consommation d’essence très élevée Autonomie décevante Entretien plus complexe hors garantie