Joli mélange de genres
Luc Gagné
Pas facile pour Mazda de remplacer la Protegé. Le constructeur nippon y est pourtant arrivé en développant un duo d’enfer identifié par le chiffre 3 : une berline, la Mazda3, et une hatchback dont le vocable est assorti d’un qualificatif Sport très justifié. Des compactes qu’on croirait issues d’Europe.
Carrosserie
Dans un créneau imprégné par la banalité, la Mazda3 se distingue par sa forme racée. Naturellement, il y a un prix à payer pour cette élégance. Par exemple, les passagers qui montent à l’arrière d’une Mazda3 Sport sont souvent agacés par l’étroitesse de l’ouverture de la porte dans la partie supérieure, où ils se cognent la tête. De même, les designers de la berline ne connaissent visiblement pas l’hiver. Sinon, comment auraient-ils pu oublier de tracer une échancrure dans le pare-chocs arrière pour faciliter l’ouverture du coffre ? Ils y ont pourtant pensé pour la hatchback. Or, certains propriétaires de berlines Mazda3 ont découvert une utilité à l’aileron décoratif qui coiffe le coffre: il leur sert désormais de poignée pour en soulever le couvercle!
Habitacle
Les portières avant dégagent une grande ouverture qui facilite l’accès, malgré un seuil élevé et des sièges baquets moulants. La position de conduite idéale se définit aisément grâce aux sièges ajustables en hauteur, dont seule la Mazda3 de base n’est pas dotée, et au volant télescopique et inclinable, une exclusivité dans ce créneau. Le tableau de bord ressemble à celui d’une BMW, par son aménagement intelligent et la qualité des matériaux. Il ne manque que des sièges chauffants pour transformer cette Mazda en voiture européenne. Par ailleurs, l’aire à bagages de la Mazda3 Sport s’avère aussi attrayante que celle d’une Protegé5. Bien que son volume utile soit de 15 % inférieur à celui de sa devancière avec la banquette arrière en place, il est supérieur de 20% une fois la banquette escamotée.
Mécanique
Deux quatre cylindres figurent au catalogue. Le 2,0 litres de l’ancienne Protegé équipe les berlines GX et GS, alors qu’un nouveau 2,3 litres anime la berline GT et les deux hatchback GS et GT. Ces deux moteurs profitent d’un système de calage variable des soupapes qui accroît le couple à bas et moyen régime. On optera pour le 2,0 litres pour sa consommation inférieure d’environ 10% à celle du 2,3 litres. Mais si ce sont les reprises soutenues qui vous titillent, le 2,3 litres sera votre choix, puisqu’il produit plus de couple. Fidèle à sa tradition, Mazda offre une boîte manuelle à cinq vitesses aussi agréable à manier qu’un joystick jumelée à un embrayage très doux. On peut lui substituer, contre supplément, une boîte automatique à quatre vitesses à mode séquentiel intéressante.
Comportement
La servodirection à assistance variable est précise, pas légère comme celle d’une Toyota Corolla. Elle transmet une sensation de la route essentielle à la conduite sportive. Le diamètre de braquage réduit (10,4 mètres) sera également apprécié dans un centre-ville congestionné. À 100 km/h, on entend peu le moteur de 2,3 litres qui tourne à environ 3000 tours. C’est le fruit d’une insonorisation réussie de l’habitacle. On pourrait en dire autant du châssis. Sa grande rigidité communique une certaine assurance au conducteur, comme c’est le cas avec une BMW. Ajoutez à cela des freins à disques aux quatre roues (de série) faciles à doser. Que demander de mieux? Qu’il n’y ait plus ce léger effet de plongée au freinage? Cela m’apparaît pourtant normal pour une voiture dont 60% de la masse repose sur le train avant.
Conclusion
D’accord, une Mazda3 n’a pas une garde au toit aussi généreuse qu’une Ford Focus. Et la Mazda3 Sport ne dispose pas d’un revêtement de plastique résistant dans son compartiment à bagages, comme la Pontiac Vibe. Mais le plaisir que communiquent ces Mazda est tel qu’on souhaite les conduire encore et encore.
Forces
• Moteurs performants • Châssis rigide • Équipement complet
Faiblesses
•Accès réduit aux places arrière (hatchback) •Battement des essuie-glaces trop lent •Couvercle du coffre difficile à soulever (berline)
Nouveautés en 2005
• Deux nouvelles couleurs de carrosserie
2e opinion Michel Crépault
• Autant d’acheteurs ne peuvent se tromper : on voit des Mazda3 partout ! Leur palette de couleurs séduisantes et leurs lignes sympathiques, surtout celles du bicorps (cinq portes), font qu’on les remarque. Pas tellement à cause du vroum-vroum, qui reste bien discret quand on choisit le 2,0 litres sous le capot de la berline. Mais le 2,3 litres accouplé à la manuelle à cinq rapports conjugue le plaisir de conduire avec d’autres atouts, tels un dégagement intérieur généreux et une présentation des instruments de qualité et agréable (mais moins branchée qu’en Europe, hélas). La famille Mazda3 ne casse rien en termes d’innovations, mais fait tout le reste avec la minutie et l’ingéniosité nippones. À moins que ce ne soit le partenariat Ford-Volvo-Mazda qui soit responsable d’une mondialisation enfin réussie.