La Lexus américaine
Par Philippe Laguë
Qu’est-ce qu’une bonne berline de luxe ? Une voiture confortable, silencieuse et spacieuse qui, dans un monde parfait, marierait le comportement routier d’une allemande et la fiabilité d’une japonaise. Lincoln a fait une première tentative convaincante au début des années 2000 avec la LS, mais les acheteurs n’ont pas suivi. Introduite l’an dernier, la MKS peut-elle réussir là où l’autre a échoué ?
CARROSSERIE
Lincoln se cherche encore une identité visuelle. Avec la MKS, c’est mieux : au moins, elle réussit à se démarquer. Je vous laisse le soin de juger si c’est beau ou non, mais ça vaut bien une Lexus, et c’est moins torturé que les Acura. C’est déjà ça de gagné, d’autant plus que les véritables rivales de la MKS ne sont pas les petites Audi ou BMW, mais bien les berlines de luxe asiatiques.
HABITACLE
En examinant l’intérieur de la MKS, je me disais qu’on pourrait très bien être à l’intérieur d’une Lexus; c’est un compliment, n’en doutez pas. La finition est irréprochable, et l’ergonomie est sans faille : tout est d’accès facile et, surtout, les commandes sont d’une simplicité qui devrait servir d’exemple aux constructeurs allemands.
À l’avant, les baquets n’ont rien à voir, Dieu merci, avec les immenses banquettes des Lincoln d’antan, mais le maintien latéral demeure déficient. C’est encore plus moelleux à l’arrière, et les passagers ont beaucoup d’espace pour les jambes; pour la tête, ce sera un peu juste pour les personnes de grande taille. Le coffre est immense, mais son ouverture étroite complique le chargement. Trop étroite aussi, la lunette, ce qui, combiné avec la hauteur de la ceinture de caisse, résulte en une visibilité médiocre. Heureusement, une caméra de recul figure dans la liste des options.
MÉCANIQUE
Certains ont reproché au moteur de la MKS de manquer de tonus. Permettez que je m’inscrive en faux : ce V6 de 3,7 litres génère 270 chevaux, ce qui n’est pas rien; à 100 km/h, il tourne doucement à 1 900 tours par minute, et il n’y a pas de creux quand on monte en régime. S’il vous en faut absolument plus, sachez qu’une version suralimentée de ce V6 s’ajoute en 2010. La greffe de deux turbocompresseurs (et de l’injection directe) fait grimper la puissance à 355 chevaux. Voilà, vous êtes contents ?
Le seul véritable reproche qu’on peut faire à ce V6, c’est son manque de caractère et de raffinement. Malgré son architecture moderne, ce moteur n’a ni la douceur, ni la souplesse des V6 japonais et allemands, en plus d’être plus bruyant que ceux-ci. En revanche, la boîte de vitesses automatique à 6 rapports affiche un rendement exemplaire. Fluide et bien étagée, elle serait parfaite si elle se montrait un peu plus rapide à changer de rapports.
COMPORTEMENT
La raison d’être d’une berline de luxe, c’est le confort. Ça tombe bien : c’est la principale force de la MKS. Osons le dire, l’insonorisation et la douceur de roulement se situent au niveau de Lexus, une référence s’il en est une.
Le comportement s’apparente aussi à celui des japonaises, ce qui, cette fois, est moins flatteur. En clair, cela signifie que la Lincoln n’a pas l’aplomb d’une Mercedes-Benz ou d’une Audi, encore moins d’une BMW. Ce n’est pas très excitant, vous l’aurez compris; mais pas aussi ennuyeux à conduire qu’une Lexus, non plus.
Une très bonne direction, précise et bien dosée, permet de sauver les meubles. Le roulis est perceptible, mais bien maîtrisé. Dans l’ensemble, le comportement est très sain, signe que la MKS repose sur un bon châssis.
CONCLUSION
Malgré quelques imperfections, la MKS est la meilleure Lincoln depuis plusieurs décennies, la première qui s’approche autant des berlines de luxe importées par sa qualité de construction, son confort et l’équilibre de son comportement. Il ne lui manque qu’un moteur un peu plus raffiné, ce qu’on lui pardonnera s’il se révèle fiable.
À un prix de détail se situant sous la barre des 50 000 dollars (transmission intégrale incluse), cette berline de luxe richement équipée constitue également l’un des meilleurs rapports qualité-prix de cette catégorie.
FORCES
– Finition soignée
– Insonorisation
– Douceur de roulement
– Direction précise
– Voiture bien née
FAIBLESSES
– Visibilité arrière médiocre
– Ouverture étroite du coffre
– Mécanique qui manque de caractère et de raffinement
QUOI DE NEUF ?
Version suralimentée du V6 3,7 L