Retour de l’enfant prodigue
Luc Gagné
Au Canada, le créneau des utilitaires compacts compte pour environ la moitié de toutes les ventes d’utilitaires. Pas étonnant, donc, que le nouveau Sportage ait été accueilli à bras ouverts par les représentants de Kia Canada. Ces derniers sont convaincus qu’il remportera autant de succès que le Sorento, un utilitaire de plus grande taille. Tout porte à croire qu’ils ont raison de penser ainsi.
Carrosserie
Chez Kia, on ne cache pas qu’on s’est inspiré d’utilitaires prestigieux en dessinant le nouveau Sportage. Une brochure destinée au marché coréen montre comment l’inclinaison du montant du pare-brise rappelle cette forme du BMW X3, affirme que l’avant plutôt sobre évoque un Touareg et que les formes anguleuses de l’arrière ornées de moulures noires permettent un rapprochement avec le Volvo XC90. Le petit utilitaire coréen n’est pas une vulgaire copie pour autant. Son esthétique homogène le distingue, entre autres de son jumeau, le Hyundai Tucson, avec lequel il partage plateforme et organes mécaniques. Ses cotes l’apparentent aussi à ses principaux rivaux. Il est plus court de quelques centimètres que le CR-V et l’Escape, mais plus long qu’un RAV4. De plus, contrairement aux CR-V et RAV4, tous deux dotés d’une porte arrière qui s’ouvre du «mauvais » côté, le Sportage a un hayon avec une vitre qui se soulève séparément, comme l’Escape. De forme arquée, ce hayon porte des extrémités à coins arrondis et il se soulève assez haut pour satisfaire aux besoins d’un adulte de 1,80 mètre. La surface vitrée est généreuse. La position de conduite élevée, des rétroviseurs latéraux de grande surface et l’essuie-glace arrière à balayage intermittent et continu assurent d’ailleurs au conducteur un bon champ de vision.
Habitacle
L’intérieur spacieux peut accueillir quatre passagers, cinq au besoin. Dans l’ensemble, la finition se révèle de belle facture et la texture des matériaux, agréable. Seul le volant de notre véhicule d’essai détonnait, à cause de la texture très plastique de son boudin. Les sièges baquets sont confortables, avec des dossiers plus amples que moulants. Les commandes du tableau de bord se trouvent à portée de main du conducteur et plusieurs espaces de rangement ont été aménagés autour de son poste de conduite. La banquette arrière, par ailleurs, comporte un coussin plutôt bas qui la rend plus confortable pour des enfants que pour des adultes. En revanche, l’espace pour les jambes et les pieds est très convenable, et les deux sections du dossier 60/40 peuvent être inclinées. L’aménagement de l’aire de chargement est éminemment pratique. Chaque section de la banquette arrière peut être repliée d’une seule main, en une manoeuvre unique qui ne nécessite pas d’enlever les appuie-tête. On obtient alors une surface de chargement presque plate. La surface arrière des dossiers de la banquette est recouverte d’un revêtement plastique résistant aux chocs. On s’explique mal cependant pourquoi la partie arrière du plancher de l’aire de chargement est couverte d’un tapis, puisque le Hyundai Tucson, lui, bénéficie d’une surface plastique « mur à mur». De petits détails, comme ces crochets articulés installés à l’arrière des dossiers de la banquette, auxquels on peut accrocher des sacs de provisions, ou ce plateau à compartiments multiples logé au-dessus du pneu de secours, sous le plancher, ajoutent à l’aspect polyvalent de la soute à bagages.
Mécanique
Trois versions du Sportage figurent au catalogue : LX, EX et EX-L (pour Luxury). Le tandem quatre cylindres et boîte manuelle est réservé aux versions LX et EX, alors que le V6, offert pour les trois versions, est jumelé d’office à la boîte automatique. La transmission intégrale peut également être installée dans les trois versions, mais jumelée au V6. Chaque moteur a une culasse multisoupape à double arbre à cames en tête. Le 2,0 litres CVVT est d’ailleurs une variante légèrement plus puissante du moteur de la nouvelle berline Spectra. Il est doté d’un système de calage variable des soupapes destiné à accroître le couple moteur à bas et moyen régime. Le V6 de 2,7 litres, par ailleurs, est une variante du moteur Delta utilisé dans les Kia Magentis et Hyundai Sonata. La boîte automatique Steptronic à quatre vitesses dispose d’un mode séquentiel qui permet de changer les vitesses à la façon d’une boîte manuelle, sans avoir recours à un embrayage. Le Sportage la partage avec le Tucson, mais dans son créneau, c’est une exclusivité. La transmission intégrale est une version « plus raffinée » (selon les gens de Kia) du système Borg-Warner qui équipe le Sorento. Ce système réactif transmet du couple aux roues arrière lorsque l’adhérence diminue au niveau des roues avant, une opération qui s’effectue sans intervention du conducteur. Par contre, pour pallier les situations exigeant plus de traction, sur simple pression d’un bouton, le conducteur peut enclencher un mode qui répartit le couple à parts égales entre les roues avant et arrière.
Comportement
Un châssis monocoque rigide et une suspension indépendante aux quatre roues plus ferme que celle du Sorento confèrent au Sportage un comportement routier sain et un roulis limité. De plus, une garde au sol de 195 millimètres confirme sa vocation principalement routière. La servodirection est légère, sans être surassistée, mais le diamètre de braquage de 10,8 mètres entraîne une manoeuvrabilité inférieure à celle d’un CR-V (10,4 mètres) et d’un RAV4 (10,6 mètres). Le Sportage n’est pas un foudre de guerre. Le modèle équipé du V6 et de la transmission intégrale que nous avons conduit nécessite 10 secondes pour passer de 0 à 100 km/h. L’Escape se fait en 1 seconde de moins. Cela dit, les chiffres de performance du constructeur en disent long sur le portrait de chaque version. Un Sportage quatre cylindres avec boîte manuelle effectue le 0-100 km/h aussi vite qu’un Sportage V6 à boîte automatique. Par contre, le modèle quatre cylindres automatique requiert 2 à 3 secondes de plus pour y arriver. Les reprises sont plus évocatrices. Pour passer de 60 à 100 km/h, un Sportage quatre cylindres à boîte manuelle nécessite de 3 à 5 secondes de plus qu’un V6. Un Sportage quatre cylindres à boîte automatique, par contre, fera aussi bien qu’un V6. Pour passer de 80 à 120 km/h (scénario d’un d&ea