Bonnet blanc, blanc bonnet
Par Philippe Laguë
La Magentis et la Sonata, c'est bonnet blanc, blanc bonnet. La première est commercialisée par Kia, l'autre par Hyundai, mais ce sont d'authentiques jumelles : elles appartiennent à la même famille et leur ressemblance est flagrante. Le géant coréen Hyundai s'est en effet porté à la rescousse, il y a trois ans, d'une autre firme coréenne, Kia, qui était alors au bord de la faillite. D'où le clonage de la Sonata, qui s'est vue rebaptisée Magentis chez Kia.
Carrosserie
Comme sa génitrice, la Magentis n'est disponible qu'en une seule configuration, soit une berline à quatre portes. Tant la version de base (LX) que la plus cossue (SE) brillent par leur équipement de série très complet. Dans la plus pure tradition coréenne, on en donne beaucoup pour pas trop cher.
Habitacle
L'accent a été mis sur le confort, comme en témoignent des sièges généreusement rembourrés. On est aussi bien assis à l'avant qu'à l'arrière, ce qui est digne de mention. À l'avant, les baquets procurent un soutien appréciable; à l'arrière, la banquette est bien sculptée et les appuie-tête intégrés rehaussent le confort. Ladite banquette peut également se rabattre, ce qui est toujours pratique. Ajoutons que la malle arrière est assez vaste, merci. Par ailleurs, l'habitacle brille par son côté pratique. L'ergonomie ne montre aucune faille, les rangements abondent et il y a de l'espace à revendre. Pour couronner le tout, l'insonorisation est remarquable.
Mécanique
La Sonata prête sa carrosserie et sa mécanique à sa jumelle de chez Kia. La Magentis peut donc recevoir un 4 cylindres de 2,4 litres ou un V6 de 2,7 litres. Le premier effectue du bon boulot : avec 138 chevaux, ce n'est certes pas la foudre, mais ce moteur n'est pas anémique pour autant et ce, même s'il est accouplé à une boîte automatique. Tant mieux, car c'est la seule à être offerte ! Le V6 constitue pour sa part une surprise de taille. Il tourne rondement, en douceur, sans faire de bruit; mais si vous appuyez le moindrement sur l'accélérateur, il réagit immédiatement. Le couple est présent à tous les régimes et si on augmente le rythme, la vigueur des reprises ne fait que confirmer le tonus de ce vaillant moteur. Sur papier, il est pourtant moins nanti que les V6 de la concurrence japonaise, dont la puissance tourne autour de 200 chevaux, contre 170 pour la Magentis. Mais il faut croire que les chevaux coréens sont en meilleure santé… Ces deux moteurs sont bien servis par la boîte automatique Steptronic à 4 rapports, qui effectue un travail irréprochable. Si l'on opte pour le mode séquentiel, qui permet de changer de rapport manuellement, la réponse est immédiate, comme quoi les ingénieurs coréens ont bien fait leurs devoirs.
Comportement
Si les performances du V6 font monter l'adrénaline, vos ardeurs refroidiront au premier virage venu. Avec ou sans le groupe Sport, la tenue de route est pénalisée par un roulis important et un sous-virage prononcé. Quant au groupe Sport, il propose une monte pneumatique de très bonne qualité, mais il aurait aussi fallu revoir le calibrage de la suspension. Celle-ci brille n'a pas que des défauts, remarquez : elle confère à cette placide berline une douceur de roulement qui n'a rien à envier à celles de ses rivales nippones, qui demeurent la référence en la matière. Certains regretteront que le comportement ne soit pas plus inspirant, mais parions que la Magentis fera néanmoins le bonheur de sa clientèle-cible, qui privilégie le confort.
Conclusion
Kia peut dire un gros merci à Hyundai pour lui avoir "prêté" une voiture aussi réussie. La Magentis ne souffre d'aucun complexe face à la concurrence, en plus de proposer un prix "à la coréenne", c'est-à-dire très concurrentiel. De plus, elle a du front tout le tour de la tête car elle propose une garantie de base supérieure à celle de sa jumelle de chez Hyundai !
Nadine Filion 2e opinion
La débâcle de Daewoo pourrait avoir des effets négatifs sur les autres constructeurs coréens, et ça serait bien dommage. En effet, Kia propose tout ce que recherche le consommateur soucieux d’économiser, et ce, pour encore moins cher que la concurrence. C’est le cas de la berline intermédiaire Magentis. Rien d’inspirant peut-être, côté apparence et performance, mais les équipements sont au rendez-vous. Ce n’est pas tous les jours qu’on trouve une berline qui offre la climatisation, le régulateur de vitesse, la sellerie de cuir, le siège du conducteur à positionnement électrique, la chaîne audio avec lecteur de CD… pour un peu plus de 20 000 $ !