Le seul, le vrai !
Nadine Filion
On nous demande souvent, à nous journalistes automobiles, quel véhicule nous préférons. Je réponds invariablement que j’en aime trop pour tous les énumérer. Et que mon garage ne serait pas assez vaste pour tous les accueillir… Mais si je devais n’en acheter qu’un seul, ça serait le Jeep TJ. Fouillez bien le marché et vous ne trouverez aucun autre véhicule qui, d’un côté, vous amène aussi loin en forêt et, de l’autre, se découvre pour que vous profitiez mieux de la belle saison. En prime : il est l’un de ces si peu nombreux véhicules à conserver une excellente valeur de revente.
Carrosserie
Encore cette année, peu de nouveau pour le TJ, qui continue d’offrir quatre versions : SE, Sport, Sahara et, pour une seconde année, Rubicon. Trois d’entre elles sont livrées avec le toit souple et les demi-portes. Le toit rigide et les portes entières sont offertes en option, sauf dans le cas du Sahara. Ne cherchez pas la version Tomb Raider d’Angelina Jolie : cette édition spéciale conçue à l’occasion du film ne sera pas offerte au Canada.
Habitacle
Les seuls changements pour 2004 apportés au Jeep TJ se retrouvent dans l’habitacle : même pour la version de base, le volant est réglable, et la chaîne audio compte le lecteur de CD. Le tissu qui recouvre les sièges est toujours pareil : laid. Il ne contribue guère à éclairer l’intérieur, plutôt sombre. Au moins, sèche-t-il rapidement. Rappelons que les moquettes cachent des drains permettant d’évacuer l’eau après un bon nettoyage ou une traverse de rivière à gué… Peu d’espace de chargement, à moins de retirer la banquette arrière. Vous sacrifiez alors deux places assises. La console de bord, haute, nuit à la vision. Un conseil : ne boudez pas les marchepieds ! Ils vous éviteront toutes sortes d’acrobaties pour accéder à votre siège.
Mécanique
La version de base dispose d’un moteur à 4 cylindres de 2,4 litres développant 150 chevaux. Le V6 Power Tech de 4 litres bouffe peut-être trois litres de plus aux 100 kilomètres, mais il donne meilleure satisfaction avec ses 190 chevaux et ses 235 livres-pied de couple. Au choix, deux boîtes de vitesses. D’abord, la manuelle, qui vous donne l’impression de conduire un tracteur avec son haut levier et le passage rude de ses 5 rapports. Puis, l’automatique à 4 rapports qui apporte plus de douceur à la conduite. Les puristes seront contents d’apprendre que le TJ n’a pas encore adopté le « shift on the fly », ce système qui permet de passer en quatre roues motrices à la volée, d’un seul bouton au tableau de bord. Le bon vieux levier occupe donc toujours le plancher.
Comportement
Le Jeep TJ ne constitue pas une extension de votre salon, soyez-en bien conscient. Sa suspension à essieu rigide est bondissante et vous brasse le camarade. Un empattement court et une garde au sol élevée font du véhicule l’un des plus versants du marché. Il force une conduite prudente, d’autant plus que sa direction peu précise oblige à faire de constantes corrections – en contrepartie, le TJ tourne sur une pièce de dix cents. Les freins pourraient être plus performants, et les formes peu aérodynamiques entraînent un incontournable bruit de vent, quand l’habitacle est couvert. Bref, vous avez l’impression de piloter un Tonka.
Conclusion
Vous lisez ce qui précède et vous vous dites : il faut être maso ! Pas vraiment. C’est que tous ces « petits » inconvénients sont compensés par de gros avantages. Il fait beau ? Adieu, toit et portières; votre Jeep se transforme en un paradis sur quatre roues. En situation hors piste, il est le roi. Croyez-en celle qui l’a vu à l’œuvre dans la célèbre Rubicon Trail, dans la Sierra Nevada. Justement, si vous êtes un « fan » du hors piste et si vous avez au moins 34 000 $ à dépenser, offrez-vous l’édition Rubicon. Elle en fait plus que les autres avec ses différentiels avant et arrière qui se verrouillent et ses pneus de circonstances. Même le plus novice du sentier aura l’air d’un pro !
Forces
Passe partout ! Se découvre à la belle saison L’édition Rubicon : pour avoir l’air d’un pro
Faiblesses
Une suspension bondissante Une tenue de route peu précise Des freins peu performants
Nouveautés
Un volant désormais réglable pour la version SE Une chaîne audio AM/FM lecteur de CD maintenant de série De nouvelles jantes « Ravine » de série pour le Sahara
Michel Crépault 2e opinion
Pour les féroces adeptes des excursions hors route, je le concède, le TJ est un outil remarquable. Son gabarit permet le slalom entre les bouleaux, tandis que les roches font moins mal paraître sa suspension catastrophique. Pour le jeune qui a de l'argent à jeter par les fenêtres également et pour qui le paraître est pour le moment plus important que l’être, cette Jeep, la toile retirée, symbolise le « cool du cool ». Mais cela mis à part, qui est assez fou pour se faire brasser sans cesse, pour se battre avec une capote récalcitrante (et la pluie qui s'en vient !) et pour tricoter une boîte de vitesses manuelle qui ne parviendrait même pas à malaxer du béton avec précision. Véhicule tout croche pour sentier tout croche !