L'art de la démesure
Par : Francis Brière
J'ai la chance de connaître une personne qui possède un Infiniti QX56 ! Cette rareté ne trouve pas preneur comme les petits pains de la boulangerie du coin. L'heureuse propriétaire est mère d'une petite famille fortunée de la région de Montréal. J'affirme avec véhémence que ces gens n'en ont pas besoin. Une voiture familiale ferait bien l'affaire. En revanche, qui pourrait bien avoir besoin d'un QX56 ? Telle est la question… Si les ventes au Québec ne dépassent pas la cinquantaine annuellement, c'est sans doute parce que cette question demeure sans réponse.
Carrosserie
Cet Armada endimanché possède une stature à coupe le souffle ! Il est spectaculairement gros. En matière d'esthétique, il n'a guère changé depuis son arrivée en 2004. Haut sur pattes, le QX56 possède des roues chromées de 20 pouces. Bâti à partir de la carcasse du Nissan Titan, il affiche une mine cubique. En définitive, le style de ce véhicule demeure plus discret que celui du Cadillac Escalade ou du Hummer H2. Très semblable à son cousin, le Nissan Armada, il possède un aérodynamisme digne d'un rorqual commun.
Habitacle
Ce n'est pas une petite famille que le QX56 peut accueillir, c'est une équipe de rugby au grand complet ! Infiniti vous offre deux choix de configuration : 7 ou 8 places. Bien entendu, ce véhicule possède des fauteuils (chauffants) à la seconde rangée. Pour le plus grand confort de votre marmaille (ou de votre armée), vous bénéficiez d'une climatisation multizone pour éviter les chicanes. Du reste, le QX56 allie avec classe des matériaux nobles comme le bois, le cuir souple et les métaux. La planche de bord en est un exemple. Pour éviter d'écraser un vélo, une poubelle ou un chien, le véhicule est muni d'une caméra de marche arrière. Et croyez-moi, cet accessoire se révèle nécessaire. Avec le QX56, le confort n'est pas une option.
Mécanique
Infiniti se distingue pour ses gadgets à l'emporte-pièce. Le QX56 ne bénéficie pas autant de la technologie ultra sophistiquée du EX35, par exemple, mais vous y retrouvez certains bidules comme un régulateur de vitesse intelligent, un système de navigation par satellite en trois dimensions avec fonction " Birdview ", des pédales à réglage électrique, et j'en passe. Sous le capot, on retrouve un moteur V8 de 5,6 litres développant 320 chevaux. On s'en doutait un peu, cet engin consomme autant de carburant qu'un paquebot. En ville, là où nous observons le plus souvent ce monstre, il faut prévoir une soif qui peut difficilement descendre sous les 20 litres aux 100 kilomètres.
Comportement
Il faut s'attendre au pire avec un balourd comme le QX56. Il est gros, lourd et encombrant. Son comportement se compare à celui des autres cétacés de sa catégorie. Le freinage est peu progressif et spongieux, ce qui peut inquiéter compte tenu du poids du véhicule. En virage, vaut mieux réduire la pression du pied sur l'accélérateur. En revanche, le QX56 atteint une vélocité impressionnante en un temps record. Un phénomène qu'on aurait intérêt à ne pas répéter trop souvent, surtout au prix qu'on paie le litre de carburant ! Du reste, votre grande famille se plaira à écouter un film, à jouer aux jeux vidéo ou à se restaurer dans le plus grand confort que peut offrir ce gros objet de luxe.
Conclusion
Attention aux jugements faciles ! Le QX56 possède tout de même des qualités, comme celle de faire l'objet d'une diffusion limitée ! L'acheteur d'un Armada aura sans doute de bonnes raisons de s'en procurer un. Par exemple, il s'agit d'un entrepreneur qui a besoin de traîner une grosse remorque et qui traîne sa famille les week-ends. On peut espérer combler les mêmes besoins avec le QX56, mais pourquoi payer 20 000 $ de plus ? Sans doute pour maîtriser l'art de la démesure…
Deuxième avis : Benoit Charette
Dans le milieu des affaires, quand une compagnie possède une bonne recette, on tente de l'adapter pour ses besoins. C'est l'idée de base derrière l'Infiniti QX 56 qui, au moment de son introduction sur le marché, voyait avec de grands yeux en forme de dollars le succès des Cadillac Escalade et Lincoln Navigator. Nissan avait donc décidé de prendre son Armada et d'ajouter un peu de chrome dans la recette. Mais ce marché de véhicules américains n'a jamais tellement souri aux Japonais qui n'ont pas encore saisi tous les ingrédients de la recette. Maintenant, dans le contexte automobile qu'on connaît, le bassin d'acheteurs est aussi mince qu'un mannequin de 17 ans. Ceci dit, si vous allez au-delà des lignes mal foutues, il faut bien admettre que le QX a tous les atouts de ses concurrents y compris la puissance et l'appétit démesuré pour le carburant super sans plomb.