La guerre, yes sir !
Par Francis Brière
Franchement, Freud en aurait pour son argent ! Il y a certes quelque chose de régressif dans le fait de se procurer ce véhicule. Le sentiment de toute-puissance qui nous habite au volant du H2 me fait penser au petit que j'étais quand je jouais avec mon Tonka. Cependant, c'est dans la cour des grands qu'il sillonne les routes. Ici, le mot « cour » prend tout son sens, alors que le propriétaire d'un H2 doit encaisser le jugement des autres automobilistes. En plus de débourser 70 000 $, il faut vraiment être décidé pour en acheter un !
Carrosserie
Le slogan de Hummer : like nothing else ! En effet, pour se distinguer, on se distingue. Ce char d'assaut est aussi aérodynamique qu'une planche de contreplaqué. Malgré tous les défauts qu'on lui trouve, le H2 possède une carcasse d'allure militaire impressionnante. L'homologue civilisé du H1 de l'armée américaine mesure plus de deux mètres de largeur. Il est gigantesque. Avec ses moulures excentriques, ses formes rectilignes et ses protubérances sur le capot, le H2 affirme toute sa masculinité.
Habitacle
L'intérieur du H2 a été remodelé pour 2008. Mieux pensé, il offre tout le confort qu'on retrouve dans une berline de luxe : sièges accueillants, équipement complet, chaîne audio de qualité et j'en passe. En revanche, même si la qualité des matériaux est à la hausse, on remarque encore les plastiques bon marché utilisés à certains endroits, le levier de la boîte de vitesses, notamment. Les polymères qui composent la planche de bord et l'intérieur des portes inspirent davantage confiance, mais la qualité de la finition demeure perfectible. La visibilité à bord du H2 n'est guère mieux que celle d'un sous-marin. Le principal défi consiste à détecter les véhicules circulant autour de soi. Gare aux angles morts ! Autrement, les passagers s'en trouveront bien aise, d'autant plus que l'espace arrière n'a rien à envier à une limousine.
Mécanique
Pour réussir à déplacer ce mastodonte, le moteur doit être pétant de santé. Le choix d'un gros V8 s'impose : GM a privilégié le 6,2-litres de 393 chevaux. On s'en doute bien, le système de transmission intégrale inclut un différentiel autobloquant à l'arrière. Couplé à une boîte de vitesses automatique à 6 rapports, cet engin produit un couple de 415 livres-pied. Pour un paquebot de 3000 kilos, il n'en fallait pas moins. Disons que cette livrée possède suffisamment de pep pour suffire à la tâche. Difficile d'imaginer un plus gros moteur sous le capot de cette charrue.
Comportement
Quand il s'agit de laisser la route bitumineuse pour emprunter des sentiers rugueux, les capacités du H2 sont reconnues. En revanche, Hummer et zone urbaine sont deux termes antithétiques. Pourtant, certains osent se pointer au centre-ville au volant de cette grosse bête. Ç'a malheureusement été mon cas pour quelques instants. Croyez-moi, j'avais très hâte de disparaître. Sur l'autoroute ou, encore, sur une route de campagne, le H2 se déplace allègrement pour un véhicule de ce gabarit. Évidemment, il est préférable de négocier les virages avec diplomatie. Même si les accélérations s'effectuent en douceur, soyons gentils avec la pédale ! La facture à la pompe s'en trouvera allégée. Nous sommes à bord d'un gros balourd; il ne faut donc pas s'attendre à une grande agilité de la part du H2. Suivons le cap, ça vaudra mieux !
Conclusion
Il existe certainement des personnes qui aiment ce genre de véhicules puisque GM réussit à en vendre. Pas beaucoup me direz-vous, moins d'une vingtaine en 2007 au Québec. Sachez cependant que d'autres peuples, dont celui au sud de la frontière, admirent, chérissent et vénèrent ce char d'assaut. Parions que, avec la montée en flèche du prix du carburant, les amateurs de testostérone et d'excentricité déchanteront. Il faut cependant reconnaître les efforts qui ont été déployés afin d'en faire un meilleur utilitaire. L'expérience du Hummer H2 revêt un caractère particulier qui frôle la folie.
Deuxième avis : Daniel Rufiange
Je ne sais pas ce que les acheteurs de H2 – moins nombreux avec un baril de pétrole qui atteint des sommets inégalés – cherchent à accomplir, mais ce n'est certes pas se faire des amis. Un tour au volant et on devient l'ennemi numéro 1; « Non, ce n'est pas à moi, je fais juste un essai… ». Rien à faire, les regards désapprobateurs pleuvent. Pour dépenser autant d'argent sur un véhicule qui sert à bien peu de choses et consomme autant de carburant faut avoir des intérêts financiers à Dubaï ou à Pétro Canada, tiens ! Mais tout est question d'image et de bouc émissaire, car bien des véhicules polluent autant sinon plus que le H2 sans faire la manchette. Le H2 a été désigné pour cible prioritaire et représente tellement bien la surconsommation américaine.