Marginalement Intéressante
Par Daniel Rufiange
C'est l'an 2 de la Taurus nouveau genre, sauce Five Hundred. Cette dernière, qui avait lamentablement échoué sa rentrée, n'était pas exempte de qualités mais affublée de défauts qui l'ont coulée à pic – moteur anémique, horrible boîte de vitesses à variation continue (CVT) et allure de voiture mortuaire -. Question de sauver le projet, Ford l'a donc rebaptisée Taurus et en a profité pour procéder à quelques changements, souhaitant lui donner un second souffle. La nouvelle Taurus a-t-elle vraiment tout ce qu'il faut pour survivre ?
Carrosserie
Si on se fie uniquement à l'esthétique… non ! On a eu beau renouveler le museau en décorant la calandre des trois lames de rasoir, signature distincte de Ford, et en reconsidérant l'arrière du véhicule, la Taurus demeure obscure, même si plus stylisée que son ancêtre. Ce qui est demeuré inchangé, ce sont les dimensions éléphantesques de cette voiture. La Taurus a de quoi accueillir des gens et des bagages, particulièrement si vous optez pour la version familiale, le Taurus X, l'un des rares vrais véhicules à sept places sur le marché. Il est paradoxal de se retrouver au volant d'une voiture si massive et aussi invisible à la fois.
Habitacle
Une fois qu'on a passé outre l'allure extérieure plutôt timide, on découvre un intérieur moins réservé. Certes, rien de révolutionnaire mais une configuration faite avec classe et de l'espace comme peu de voitures ont le loisir d'offrir. Dire que l'intérieur de la voiture est spacieux est euphémisme; c'est gigantesque ! Les sièges avant, c'est bien simple, nous donnent l'impression qu'on vient de prendre place devant la télé. Accueillants, spongieux, quoique fermes comme un sofa neuf, mais sans aucun maintien latéral. À l'arrière, de la place pour huit – j'exagère à peine – et un dégagement pour les jambes digne d'un fauteuil de première classe. Le tout dans un environnement de cuir classique. L'équipement est complet, de la radio Sirius aux aides électroniques à la conduite en passant par les cousins et rideaux de sécurité gonflables de série.
Mécanique
Un seul moteur sied entre les roues avant de la Taurus. Il s'agit du V6 de 3,5 litres, le même qu'on retrouve dans le Ford Edge. Ce dernier travaille de concert avec une boîte de vitesses à 6 rapports qui effectue du bon boulot. Cependant, avec une consommation moyenne de carburant de 13,3 litres aux 100 kilomètres, mesure effectuée lors de mon essai, éliminons l'épithète économique. Il faut dire que je pilotais une version à transmission intégrale, plus gourmande. Cependant, cette dernière est plus intéressante à tous points de vue.
Comportement
La clientèle cible de la Taurus est plus près de la retraite que du marché de l'emploi, disons-le comme cela. Oublions ici les éloges du comportement routier sportif de la Taurus. Cette « papy mobile » moderne propose une expérience axée sur le confort, et personne ne s'en plaindra. La conduite est ouatée à souhait, mais grand-papa pourra humilier bien des jeunes au décollage. On apprécie également le degré d'insonorisation et l'impression, constante, qu'on a de piloter un char d'assaut tellement la solidité de l'ensemble se ressent à chaque seconde. La puissance disponible surprend et donne du charme au bolide. On y prend d'ailleurs goût, même s'il faut visiter plus souvent les pétrolières. L'euphorie au volant s'arrête cependant là car quand vient le temps de faire danser la bête pour éviter les nids-de-poule, son surplus de poids se fait sentir. La direction a beau être précise, elle n'arrive pas à faire suivre la masse du véhicule sans effort et, à ce chapitre, il faut être prudent.
Conclusion
La Taurus est une voiture intéressante. Cependant, peut-être pas assez pour vraiment s'imposer sans son segment. La vérité, c'est que tout semble trop peu trop tard pour une bagnole qui aurait fait des ravages… en 2000, pas en 2008. N'en demeure pas moins que, si vous recherchez une voiture efficace, conservatrice et au comportement routier impérial, la Taurus est pour vous. À long terme, je miserais davantage sur l'avenir du Taurus X en raison de son caractère utilitaire.
Deuxième avis : Pascal Boissé
Résumons simplement les choses : voilà deux excellents produits qui ne se vendent pas en raison d'un prix de 10 000 $ trop élevé. De plus, le Taurus X est appelé à disparaître prématurément, poussé à la retraite par l'arrivée du Flex qui occupe exactement le même créneau (quoi qu'en disent les officiels de Ford). Voilà qui n'arrange rien du côté de la valeur de revente… Et c'est dommage, car le Taurus X est devenu, depuis les mises à jour de l'an dernier, un grand véhicule attrayant, pratique, relativement performant et très sûr avec sa plateforme conçue par Volvo. Bref, une autre occasion gaspillée par Ford qui tente de rattraper le terrain perdu aux mains des Japonais ou des Coréens.