4%
Benoit Charette
En médecine, on appelle cela de l’acharnement thérapeutique. On pourrait transposer l’expression à l’automobile et demander à Ford d’en finir avec la Taurus. On devine bien que les flottes ont encore besoin de cette voiture avant que l’on produise assez de Five Hundred pour la remplacer. Mais il faut savoir tirer sa révérence et j’espère que cette voiture, victime d’un nombre quasi incalculable de rappels, nous fera le plaisir de disparaître en 2005. Elle n’est vraiment plus dans le coup.
Carrosserie
Il faut quand même reconnaître que Ford s’est gagné le respect du monde automobile lorsque la première Taurus a vu le jour en 1986. Sous des airs inspirés de l’Audi 5000, elle était différente, inusitée et avantgardiste. Dix ans plus tard, un groupe d’ingénieurs plus avant-gardistes ont accouché de la Taurus ovale qui choqua plus d’un acheteur. Finalement, en 2000, elle adopta un style plus générique, susceptible de plaire à la masse. Pour 2005, Ford simplifie le nombre de versions en offrant seulement les modèles SE et SEL ainsi que quelques nouvelles couleurs de peinture.
Habitacle
J’ai plusieurs fois recommandé l’achat d’une Taurus familiale aux parents qui ne se voyaient pas au volant d’une fourgonnette. Elle est bien conçue, avec une finition dans la moyenne, et surtout beaucoup d’espace de chargement. Le plus gros bémol est la fiabilité et la conduite aseptisée, d’un ennui suicidaire. Pourtant, elle a tout ce qu’il faut avec le «Système de sécurité personnalisée», qui regroupe une douzaine de composantes permettant à la voiture « d’analyser » la collision, de «comprendre » sa gravité, de «déterminer» la position du siège du conducteur et si ce dernier porte ou non sa ceinture de sécurité et de «décider» comment faire intervenir les différents dispositifs de sécurité. On trouve également des coussins gonflables « intelligents » qui se déploient à deux niveaux différents, selon la gravité de l’impact. La Taurus a même été la première voiture au monde à posséder un réglage électrique des pédales d’accélérateur et de freins en équipement de série. Si, pour vous, la sécurité est le seul point important, soit.
Mécanique
À peu de chose près, les mécaniques sont les mêmes depuis 1996. La version SE est alimentée par le V6 3,0 litres Vulcan qui développe 153 chevaux. Ce moteur affiche peu de vitalité à tous les régimes et souffre d’un profond manque de raffinement. Vous aurez compris qu’il vaut mieux opter pour la seconde possibilité. Le V6 3,0 litres Duratec muni d’un double arbre à cames en tête de 200 chevaux donne un rendement plus que satisfaisant sur la route. Puissant, souple, économe, le moteur Duratec est sans l’ombre d’un doute votre meilleur choix. C’est d’ailleurs ce blocmoteur qui a servi de base au moteur 3,0 litres chez Jaguar (S-Type et X-Type) et pour la Mazda6. La seule transmission offerte est l’automatique à quatre rapports.
Comportement
Connaissant la vocation de la voiture, il faut la respecter. La Taurus est construite d’abord et avant tout pour être conduite avec modération. Sa suspension trop souple ne lui permet pas d’élan sportif. Son habitacle silencieux est conçu pour les longues randonnées sur l’autoroute. Mais après quelques heures, les passagers avant se rendront à l’évidence que le soutien latéral obtient au mieux la note de passage et qu’il y a place à l’amélioration. Je me permets d’insister de nouveau sur l’importance de choisir le moteur Duratec qui sera le seul à vous donner un quelconque agrément au volant.
Conclusion
De belle et différente à ses débuts, la Taurus a progressivement sombré dans l’anonymat pour pratiquement se faire oublier. Son allure et sa conduite génériques n’ont rien pour inspirer le conducteur qui recherche une certaine étincelle dans l’achat d’un véhicule. Sa fiabilité laisse aussi beaucoup à désirer, mais son format est pratique et bien pensé. Malheureusement, ce n’est pas suffisant. Une retraite qui tombe à point nommé.
Forces
•Version familiale pertinente •Douceur de roulement •Haut indice de sécurité
Faiblesses
•Fiabilité perfectible •Moteur de base à éviter •Ligne et conduite sans envergure
Nouveautés en 2005
•Pédales à réglage électrique retirées du catalogue, indicateur de basse pression des pneus de série dans les modèles équipés de jantes en alliage, freins antiblocage disponibles en option individuelle dans les modèles SE, banquette arrière rabattable divisée 60/40 de série avec sièges en cuir, nouveaux groupes d’options, version LX discontinuée
2e opinion Hugues Gonnot
• Mettez fin à l’acharnement thérapeutique et laissez-la mourir de sa belle mort ! La Taurus n’en peut plus, elle est au bout du rouleau. Laissez-la quitter ce monde avec dignité. Son design débalancé, sa mécanique sans saveur, son intérieur quelconque et ses prix pas très compétitifs ne lui laissent aucune chance. Et lorsqu’on la compare à la concurrence, Dodge Magnum et Chrysler 300 en tête, on a du mal à se retenir… de rire. N’en jetez plus, la coupe est pleine.