À la flotte !
Hugues Gonnot
On ne peut pas être et avoir été ! Celle qui avait tout simplement révolutionné le segment des berlines en Amérique du Nord au milieu des années 80 a sombré dans un anonymat presque gênant. À tel point que près de la moitié de ses ventes est faite à des parcs de véhicules. Pas très bon pour l'image tout ça.
Carrosserie
Au style aérodynamique de la première génération avait succédé un style lourd et mou, genre caramel fondu, pour la génération de 1996. Quand on l’a revampée en 2000, on avait bien essayé d'arranger les choses en effaçant le surplus de courbes, mais le mal était fait. On reprochera à la berline une visibilité arrière assez limitée. Quant au coffre, il est assez volumineux et bien découpé, mais sa hauteur de chargement est un peu trop haute. Dans le cas de la version familiale, il faut admettre qu'elle est sensiblement plus réussie et, pour tout dire, elle se révèle un vrai plus parce qu'elle reste l'une des dernières alternatives aux fourgonnettes dans la catégorie.
Habitacle
L'habitacle est globalement agréable. La qualité de la finition est acceptable, sans pour autant s'approcher des meilleures. L'espace pour les passagers est suffisant, particulièrement à l'avant. Le confort des sièges avant est correct, sans plus; par contre; leur soutien latéral est vraiment trop juste. Quant à la banquette arrière, elle est trop droite, et son confort est vraiment limité. Très appréciable, par contre, c'est le pédalier réglable électriquement qui permet de trouver une bonne position de conduite et améliore la sécurité (non offert dans la LX). Comme dans toute américaine qui se respecte, la climatisation est efficace, et l'insonorisation se révèle honorable. Les espaces de rangement sont un peu comptés, surtout avec un changeur de CD qui gruge une bonne partie de la console centrale.Là où la Taurus aurait pu se démarquer, comme une bonne voiture américaine, c’est au chapitre de l’équipement. Dans les faits, elle se situe au mieux dans une moyenne honorable à ce chapitre.
Mécanique
À ce chapitre, le terme de véhicule de parc prend son sens puisque l'ensemble mécanique est comme l'eau : sans couleur et sans saveur. Soyons clair, rien d'alarmant; mais rien, vraiment rien, d'enthousiasmant ! Du générique… On aurait souhaité un peu plus de vivacité de la part des moteurs (on cherche encore les 200 chevaux du Zetec), des rétrogradations forcées un peu plus rapides de la part de la boîte de vitesses, des freins un petit poil plus progressifs, et une direction plus précise. Encore un fois, plus agaçant qu’autrement.
Comportement
L'acheteur d'une Taurus (ou celui qui la loue…) ne cherche assurément pas un comportement sportif; il veut de la douceur de roulement. C'est effectivement ce qu'il a en ligne droite. Pourtant, la voiture aurait mérité un peu plus de rigueur, particulièrement dans le cas d'irrégularités où la suspension se montre trop souple. La prise de roulis, sans être exagérée, est sensible. D'autant plus que les sièges manquent de soutien latéral. Sachant cela, on abordera les virages avec calme et tout se passera bien.
Conclusion
À force de ne se démarquer nulle part, la Taurus justifie son anonymat. Certes, il y a encore un public pour de paisibles berlines. Certes, la voiture en soi n'est pas à proprement parler mauvaise. En fait, elle manque cruellement d'homogénéité. Et quand on commence à la comparer à la concurrence, là, le bât blesse vraiment (pas mieux équipée et pas moins chère). D'ailleurs Ford s'est bien rendu compte que le nom avait été totalement dilué (ah ah…) et lui substituera en 2005-2006 non pas une, mais deux voitures : la Futura, plus petite, et la Five Hundred, plus grosse. Alors, le nom de Taurus sera définitivement jeté à la flotte !
Forces
Sa douceur de roulement Une version familiale
Faiblesses
Un ensemble mécanique insipide Une finition perfectible Le confort arrière
Nouveautés 2004
Nouveaux boucliers avant et calandre nouvelle jante de 16 pouces à 5 rayons pour berline et familiale SE
Benoit Charette 2e opinion
On connaît déjà le successeur de la Taurus, la Five Hundred. Elle fera fort probablement une première apparition au salon de l’auto de Detroit en 2004. La Taurus profite donc d’une préretraite cette année en nous revenant sur le marché pratiquement inchangée. C’est une voiture que les Anglais appellent « middle-of-the-road » qui n’a pas de grandes qualités, mais aucun grand défaut non plus. Elle s’acquitte de toutes les tâches avec la note de passage, sans plus. Une voiture qui s’adresse à ceux qui recherchent d’abord une manière de relier le point A au point B. J’accorde toutefois une nette préférence à la version familiale qui se veut une excellente alternative pour les familles allergiques aux fourgonnettes.