Le déclin
Par : Philippe Laguë
Avec les camionnettes F-150 et, à l'autre extrême, les petites Focus, la Taurus est l'un des piliers de la marque Ford. Dévoilée en 1986, cette berline n'a rien de moins que redonné ses lettres de noblesse aux grosses voitures américaines. Ce fut à tout le moins le cas pour les deux premières générations, qui ont fait de la Taurus un best- seller en Amérique du Nord. C'est à la troisième que les choses se sont gâtées…
Carrosserie
Parmi les principales causes du déclin de la Taurus, ses formes tourmentées ont souvent été invoquées, mais n'oublions pas sa fiabilité qui, sans être désastreuse, a connu quelques ratés. Quant au design, d'inspiration européenne comme à l'habitude, il était loin d'afficher l'élégance des générations précédentes, qui faisaient l'unanimité ou presque. Qui a dit que l'esthétique avait peu ou pas d'incidence sur les ventes? Sur une note plus rationnelle, la Taurus est cependant la seule de sa catégorie à proposer une familiale. Toujours appréciée, cette configuration représente une alternative valable aux minifourgonnettes. Deux niveaux de finition sont offerts, contre quatre pour la berline.
Mécanique
La boîte automatique a été revue lors de la dernière refonte, il y a trois ans, et ses passages sont plus fluides. De point faible, elle est même devenue l'un des points forts, ce qui n'est pas rien. La même observation s'applique mot pour mot au freinage; du moins était-ce le cas de notre véhicule d'essai, muni de l'ABS. Celui-ci accomplit un boulot impeccable, confirmant ainsi que, chez les Américains, c'est définitivement Ford qui maîtrise le mieux cette technologie. Les deux motorisations constituent cependant le point faible de la Taurus. Malgré leur cylindrée identique (3 litres), ces deux V6 diffèrent par leur puissance. Mais ils ont un point en commun : ils se font laminer par la concurrence, locale et importée, tant leur rendement global est décevant. En voilà deux qui sont mûrs pour la retraite !
Comportement
L'amortissement est souple, sans trop pénaliser le comportement. Oh, celui-ci n'a rien de sportif, loin s'en faut, mais il est honnête. Même que pour une voiture de ce gabarit, la tenue de route surprend par son aplomb. Soulignons toutefois la contribution à ce chapitre d'une monte pneumatique de qualité supérieure. Mais il y a un prix à payer : plus performants, ces pneus sont aussi plus bruyants. La direction n'est pas à l'abri des critiques elle non plus : la précision n'est pas sa qualité première, et elle gagnerait en fermeté qu'on ne s'en plaindrait pas non plus.
Habitacle
Depuis une quinzaine d'années, Ford s'est démarquée des autres constructeurs américains par la qualité d'assemblage supérieure de ses véhicules. Celle de notre exemplaire n'était cependant pas sans reproche. Rien de catastrophique, mais je m'en voudrais de passer sous silence la console centrale mal fixée et les bruits de caisse – intermittents – venant de deux endroits différents. Des reproches également pour la banquette arrière, qui gagnerait à être mieux sculptée, car elle n'offre aucun soutien, ni lombaire, ni latéral. Et pour couronner le tout, cette banquette est dépourvue d'appuie-tête… C'est vrai qu'il faut en avoir une pour penser à ce genre de détail ! À l'avant, c'est moins pire : on aimerait des baquets plus enveloppants, mais ils ont le mérite d'être confortables. Mention bien pour la position de conduite, également, d'autant plus que les conducteurs et conductrices de petite taille apprécieront le pédalier réglable. Côté apparence, la présentation intérieure a pris du mieux, avec la disparition du controversé panneau de forme ovale qui regroupait les commandes de la chaîne stéréo et du système de chauffage / climatisation. De plus, le soin apporté à l'ergonomie est évident. Terminons avec les espaces de rangement, nombreux, bien situés et fonctionnels.
Conclusion
Après les fleurs, le pot : les incontournables – et innombrables – options faisaient grimper la facture de notre véhicule d'essai à plus de 33 000 $. Dans cette fourchette de prix, on retrouve des premières de classe comme la Toyota Camry V6, la Honda Accord V6, la Nissan Maxima et même l'Acura TL, pour ne nommer qu'elles. Disons les choses franchement : la Taurus ne leur va pas à la cheville. Il ne reste plus qu'à attendre la prochaine génération.
Forces
Freinage efficace
Habitacle spacieux et fonctionnel
Confort et douceur de roulement
Version familiale
Faiblesses
Direction imprécise
Qualité d'assemblage perfectible
Banquette arrière exécrable
Nombreuses options
Fiabilité moyenne
Deuxième avis
Même si sa technologie est dépassée face à plusieurs compétiteurs japonais, le Taurus offre un excellent rapport qualité-prix-équipement et énormément d'espace en prime. La version familiale représente une excellente alternative aux familles allergiques aux minifourgonnettes et qui ne peuvent s'imaginer au volant d'un utilitaire. La ligne intemporelle ne fait pas baver d'envie et toutes les composantes du châssis auraient besoin d'un sérieux rajeunissement, sans parler du moteur qui prend de l'âge. Mais malgré la vétusté de l'ensemble, la fiabilité n'est pas remise en cause et l'acquisition d'une Taurus vous donnera certainement plusieurs années de bons services.