Avant de crier aubaine…
Par Jean-Pierre Bouchard
La Ford Ranger a beau être dépassée sur le plan technique, les ventes ne faiblissent pas. Dans les faits, elle figure toujours parmi les dix véhicules les plus vendus au pays, balayant sur son passage toutes les autres petites camionnettes offertes. Comment expliquer un tel succès ? La réponse est simple : un prix de base sous le seuil des 16 000 $. Difficile à battre. Est-ce pour autant une bonne affaire ?
Carrosserie
Le constructeur prend et reprend d'une année à l'autre les mêmes composants. Il décline la petite camionnette en configurations à cabine simple avec caisse de 6 ou de 7 pieds et à deux roues motrices ou encore à cabine double avec caisse de 6 pieds et le choix entre la motricité à deux ou à quatre roues motrices.
Habitacle
La présentation intérieure a subi peu de changements au cours des dernières années. L'ensemble mise sur la simplicité. Et, comme l'écrit le constructeur lui-même, elle est « sans artifices ». Le constructeur ne s'éloigne donc pas de la vocation utilitaire de ce type de véhicule. Quand on le compare à une Toyota Tacoma ou à une Nissan Frontier, par exemple, on constate la désuétude de l'habitacle. Sauf que l'une et l'autre coûtent plusieurs milliers de dollars de plus. La banquette avant est divisée 60/40. Des sièges baquets sont offerts en option. Le rembourrage insuffisant et l'assise basse ne permettent pas d'assurer un confort adéquat pour de longs trajets. Le dégagement pour la tête et les jambes est, par contre, approprié. Les places arrière de la configuration à cabine double ne peuvent recevoir autre chose que des objets. Et non des personnes. Plus dans le coup la Ranger ? Oui. Ce qui n'a toutefois pas empêché la firme JD Power, à la suite de l'enquête 2008 relative à la qualité des véhicules après trois ans d'utilisation, de lui décerner la première position au sein de cette catégorie. Même Consumer Reports l'inclut sur la liste des bons choix sur le marché des véhicules d'occasion, en modèles à deux roues motrices toutefois.
Mécanique
Ford propose un choix de deux moteurs : le 4 cylindres de 2,3 litres et le V6 de 4 litres. Le V6 de 3 litres n'est plus. Le 4-cylindres est le plus évolué en termes de technologie. Ce moteur, qui provient du catalogue Mazda, suffit au quotidien. Pour le remorquage, le V6 est toutefois de mise. À défaut d'être raffiné, le 4 litres assure de bonnes performances. La consommation de carburant est, par contre, élevée. Élément plus moderne malgré tout, la boîte de vitesses automatique offerte en option compte 5 rapports.
Comportement
La Ranger est tout ce qui se fait de plus camion en termes de comportement routier. Elle n'en peut plus de cacher son âge. Et il devrait en être ainsi jusqu'en 2011. La camionnette dispose d'amortisseurs qui absorbent durement la plupart des inégalités de la route et entraîne des réactions plus ou moins bien contrôlées. La raison : le châssis manque tout simplement de rigidité. Le véhicule n'est pas un modèle d'agrément de conduite. Comme me le rappelait mon frère, ancien propriétaire d'une Ranger : « Ça brasse ! ». Mais, une fois de plus, Ford en offre pour le prix demandé. À ce sujet, elle n'est pas pire que la Chevrolet Canyon (GMC Colorado). Juste un peu mieux que l'ancienne Ford Courrier des années 1970 !
Conclusion
La Ranger est ce que Ford a de plus vétuste. Et pourtant, le constructeur a démontré qu'il pouvait fort bien faire du côté des camionnettes pleine grandeur. Mais pour le prix, l'offre semble attrayante pour celui qui cherche une camionnette utilitaire compacte et pratique. De la poudre aux yeux ? Avant de conclure mon évaluation, j'ai pris soin de comparer les mensualités d'une Ranger XLT 4 x 4 avec boîte manuelle et une Toyota Tacoma à cabine accès 4 x 4 avec boîte manuelle. À l'achat, sur 48 mois, Ford l'emportais. À la location, la Toyota était à peine plus chère ! Morale de l'histoire : avant de crier « aubaine », prenez le temps de faire les calculs nécessaires.
Deuxième avis : Daniel Rufiange
On ne sait plus quoi écrire de nouveau sur la Ranger. Ford s'est entêtée à conserver sur le marché un véhicule complètement dépassé, mais qui, ma foi, connaît du succès. Et la raison en est bien simple; il s'acquitte admirablement bien des tâches qu'on lui incombe et le fait à prix raisonnable. Pour l'instant, la Ranger demeure une belle porte d'entrée dans le monde des camionnettes. Par contre, si vous avez l'intention d'acheter un véhicule autre que la Ranger, dites-vous que vous ferez un pas en avant ! La question : qu'advient-il de sa remplaçante ? Un jour, on nous annonce sa disparition, l'autre, sa renaissance sous un autre nom. Souhaitons seulement que, si refonte il y a, ç'en soit une vraie. Sinon, certains confrères risquent la dépression !