Une vraie de vraie
Par Philippe Laguë
On dit de certains êtres d’exception qu’ils étaient « des vrais ». Maurice Richard, par exemple. Combien de fois avons-nous entendu quelqu’un dire, non sans admiration : « Le Rocket, ça, c’était un vrai ! » Si on se transpose dans le contexte automobile, on pourrait en dire autant de la Mustang, d’autant plus que son impact au sein de l’industrie automobile américaine se compare à celui du regretté Rocket sur le hockey.
Carrosserie
Introduite en avril 1964, celle qui allait créer un nouveau créneau, celui des pony cars, était offerte sous la forme d’un coupé toit amovible, d’un coupé bicorps (hatchback, avec la ligne de toit plongeante) et d’une décapotable. Quarante ans plus tard, la première configuration n’est plus, mais les deux autres ont survécu. Aux versions de base et GT sont venues s’ajouter, l’an dernier, une livrée au patronyme célèbre, la Mach I, ainsi qu’une version remaniée de la Cobra SVT. On ne peut malheureusement pas vous en dire plus au sujet de cette dernière, Ford du Canada n’ayant pas cru bon d’en mettre une à la disposition des chroniqueurs automobiles du Québec. Nous vous laissons juger de la pertinence de cette décision.
Habitacle
Depuis une dizaine d’années, je constate la même chose en montant à bord d’une Mustang : Dieu qu’on est mal assis ! À l’avant, les baquets offrent un piètre maintien tandis que la position de conduite est sans doute la pire, toutes catégories confondues, que je connaisse dans un véhicule automobile. Elle ne peut convenir qu’à un géant de 6 pieds 4 pouces avec de très, très longs bras… Sur le plan ergonomique, c’est également un désastre, car le dossier est trop incliné, ce qui complique l’accès aux diverses commandes. Et oubliez les places arrière : elles sont strictement décoratives. En revanche, la présentation intérieure est plutôt réussie et la finition étonne par sa qualité.
Mécanique
Le muscle car (dont dérive le pony car) est un concept typiquement américain qui a vu le jour au début des années 60. En gros, il s’agit d’une voiture produite en grande série, mais dont les performances se comparent à celles de sportives beaucoup plus exclusives ($). La Mustang respecte en tous points ce credo, surtout lorsqu’elle est mue par un V8, ce qui est le cas des GT, Mach I et Cobra SVT. Cette dernière dispose en exclusivité d’un compresseur, qui porte la puissance à 390 chevaux (contre 260 pour la GT et 320 pour la Mach I).Traitez-moi de macho ou de primate tant que vous voudrez, je m’assume pleinement : il y a quelque chose de jouissif à écouter ce gros V8 ronronner à vitesse de croisière, puis hurler lorsqu’on écrase le champignon. Quel couple ! Et quelle réponse ! C’est brutal, bestial, et c’est très bien ainsi. Cela s’applique aussi bien à la GT qu’à la Mach I, mais c’est encore plus sauvage avec celle-ci à cause des 60 chevaux supplémentaires. Quant à la boîte manuelle, elle est fort bien adaptée à ces deux brutes. Il faut s’habituer au levier, qui se montre parfois rétif, mais j’ai toujours apprécié son guidage précis. La pédale d’embrayage vous permettra d’augmenter la masse musculaire de votre jambe gauche, surtout si vous êtes pris dans un embouteillage. Un mot en terminant sur le V6 de 3,8 litres, qui mérite considération en raison de ses 190 chevaux et de sa sonorité inspirante : combiné à une boîte manuelle, il tire son épingle du jeu.
Comportement
Depuis le remplacement des tambours arrière par des disques, la Mustang freine avec beaucoup plus de mordant. Malgré un important rayon de braquage, la direction est aussi l’un des points forts de cette sportive, car elle est rapide, précise et incisive. En plus de rehausser l’agrément de conduite, son bon travail permet de la placer au doigt et à l’œil dans une courbe. La tenue de route, qui me surprend agréablement à chaque fois, fait le reste. Oh, il faut se méfier du survirage, mais le système antipatinage est là pour prévenir les dégâts. Il n’en demeure pas moins que la Mustang s’agrippe au pavé avec une hargne belle à voir. Malgré son poids, malgré son âge… Vous connaissez le dicton : « C’est dans les vieux chaudrons qu’on fait les meilleurs ragoûts. »
Conclusion
Seule survivante de l’ère glorieuse des pony cars, la Mustang fait bande à part, sans pour autant faire figure d’anachronisme. Au contraire, elle a su évoluer, tout en restant fidèle à ses origines. C’est ce qui explique pourquoi elle a survécu, alors que les Camaro et Firebird (de triste mémoire) ont disparu…
Forces
Finition et qualité d’assemblage V8 électrisant Tenue de route sportive Fidèle à ses origines Modèle mythique
Faiblesses
Position de conduite atroce Ergonomie à revoir Places arrière décoratives Dernière année sous sa forme actuelle
Hugues Gonnot 2e opinion
Bon ! La plateforme de l’actuelle Mustang date de 1979. Elle est une propulsion pure et dure qui n’aime pas bien le mouillé et encore moins la neige. Mais bon sang qu’elle est attirante ! Elle vient parler au cœur (et aux oreilles aussi ! Ah ! La sonorité de ce V8…), voilà pourquoi ! Ford a su régulièrement développer son pony car pour le maintenir dans le coup, et c’est pourquoi son succès ne s’est pas démenti depuis de nombreuses années. D’agressive en GT ou en Mach 1, la Mustang devient vraiment très très méchante en version SVT Cobra. À l’intérieur, l’habitacle est encore agréable. Pour son prix, elle en donne beaucoup.