Ford Expedition, un grand Explorer ?
Par Éric Descarries
Si vous fixez trop longtemps la photo du nouveau Ford Expedition, vous risquez de le confondre avec l'Explorer de l'an dernier. Ce n'est pas étonnant, puisque les concepteurs de Ford l'on voulu ainsi. Ils ont d'ailleurs fait le même exercice avec le Lincoln Navigator et le petit Aviator. Cependant, le nouvel Expedition est nettement plus grand qu'un Explorer et a été conçu à des fins plus robustes. Lancé en 1997, l'Expedition est rapidement devenu le meilleur vendeur de sa catégorie en Amérique du Nord. Évidemment, la concurrence n'a pas mis de temps à le rattraper et même à le dépasser au chapitre des ventes. Il était donc temps que Ford revoie son produit-vedette. Et comme la toute dernière version de l'Explorer connaissait tant de succès, pourquoi ne pas s'en inspirer ? Avouons que le résultat est plus agréable à l'œil qu'un Expedition issu d'une camionnette F 150 !
Une mécanique améliorée
Sous cette nouvelle robe, on trouvera un véritable châssis de camionnette. Ce châssis tout nouveau adopte une configuration originale. À l'arrière, il ne se recourbe pas pour contourner le pont rigide, mais il demeure rectiligne pour donner à l'Expedition un plancher plat. On constatera donc que, à l'arrière, il y a une suspension indépendante, du nouveau pour un grand utilitaire sport américain. D'ailleurs, Ford avait déjà de l'expérience dans le domaine, car ce dessin technique est semblable à celui proposé pour l'Explorer l'an dernier. Sous le capot, par contre, il n'y a rien de nouveau : les moteurs V8 offerts sont sensiblement les mêmes. Le moteur de base a une cylindrée de 4,6 litres et fait 232 chevaux. Personnellement, je conseille plutôt le moteur optionnel de 5,4 litres qui, lui, développe 260 chevaux. C'est d'ailleurs la seule motorisation offerte dans le modèle de luxe Eddie Bauer (la version de base est la XLT). Ces moteurs Ford ne sont pas aussi puissants ou convaincants que ceux que propose GM pour ses modèles équivalents (Tahoe et Yukon), mais, en général, ils se tirent assez bien d'affaire. C'est à l'accélération qu'ils sont moins performants. La seule boîte de vitesses offerte demeure l'automatique électronique à quatre rapports, alors que presque tous les Expedition vendus au Canada auront le boîtier de transfert automatique pour la motricité aux quatre roues. Il y aura quelques exemplaires de ce Ford qui seront vendus en propulsion, mais on les réserve à des fins commerciales ou utilitaires. Le freinage est à quatre disques, doublé d'un système d'antiblocage, et réagit à la pression sur la pédale. Ainsi, si le conducteur presse encore plus fort, le système lui vient en aide en augmentant de lui-même sa propre pression. On trouve également un système de contrôle de la stabilité appelé AdvanceTrac qui aide à prévenir la perte de contrôle si l'Expedition est lancé trop vivement dans une courbe. Quant à la direction, maintenant à crémaillère, elle gagne beaucoup en précision.
Un intérieur également redessiné
Étant donné qu'ils avaient redessiné tout l'Expedition, les concepteurs de Ford ont alors décidé d'en revoir l'intérieur. Le tableau de bord affiche une ligne moins agressive, plus agréable à l'œil. Mais ce qui nous frappe le plus, ce sont les multiples configurations des sièges. Un Expedition peut asseoir jusqu'à neuf passagers. À l'avant, il comporte deux baquets confortables (ou une banquette pratique), alors qu'au centre, l'acheteur peut choisir entre le siège en trois sections (celle du centre peut s'avancer jusqu'à la hauteur des baquets avant) ou les deux baquets. La troisième banquette, divisible 60/40, est livrable avec l'unique fonction électrique qui permet de rabattre les dossiers au simple toucher d'une commande à l'arrière comme à l'avant. On obtient alors un plancher de chargement plat sans effort ! Incidemment, les passagers de cette troisième banquette auront enfin suffisamment de place pour les jambes, grâce encore une fois à ce plancher plat.
Une sécurité accrue
Évidemment, Ford ne pouvait pas créer un tout nouveau véhicule sans y ajouter des éléments de sécurité avancés. Outre le système de contrôle de la stabilité AdvanceTrac (optionnel), Ford propose des capteurs aux roues permettant de déceler une baisse de pression dans un pneu (y compris le pneu de secours). Les petits capteurs-radars dans le pare-chocs arrière aident à éviter toutes sortes d'accidents quand on recule; de même les coussins gonflables avant ont deux puissances de déploiement; on propose même un nouveau système latéral qui se déploie comme un rideau pour les passagers avant et du centre, particulièrement en cas de renversement. Quant aux ceintures à trois points, on en retrouve à presque toutes les positions (selon la configuration des sièges).
Un tout autre véhicule sur la route
Lorsque j'ai conduit ce nouveau Ford pour la première fois, c'était dans les Rocheuses, en Colombie britannique. Ford avait eu la brillante idée de nous faire conduire l'ancienne version de l'Expedition sur quelques kilomètres avant de nous laisser la nouvelle.
La différence est frappante. Alors que la version précédente de l'Expedition avait la fâcheuse tendance à réagir parfois latéralement quand on passait sur un cahot ou dans une crevasse, la nouvelle version retient sa trajectoire avec plus d'assurance. En fait, on se serait cru au volant d'une grosse automobile tant le comportement routier de cette camionnette est agréable. De plus, en m'asseyant à l'arrière alors qu'un confrère avait pris le volant, j'ai constaté que le roulis typique de ce type de camion était certes moins prononcé.
J'ai également conduit l'Expedition sur une route sinueuse à des vitesses pas très convenables pour ce type de camionnette. La tenue de route se fait rassurante, et le système optionnel AdvanceTrac peut même venir en aide au conducteur s'il attaque une courbe prononcée trop glissante. En passant, j'ai même pu conduire l'Expedition en situation hors-route assez exigeante; le véhicule s'en est sorti avec tous les honneurs ! Ford avait même prévu une route enneigée (facile à faire dans les Rocheuses au printemps) afin de nous permettre de constater les habiletés du véhicule dans une telle situation. Inutile d'ajouter qu'il s'en est bien sorti, surtout avec le commutateur du boîtier de transfert en position automatique 4 x 4. Incidemment, on peut placer cette commande en deux roues motrices seulement, s