Une coproduction réussie
Par : Philippe Laguë
Introduits en même temps, à l'automne 2000, le Ford Escape et son clone, le Mazda Tribute, n'ont pas tardé à se faire une niche, profitant de l'engouement sans cesse croissant pour les utilitaires compacts. Mais cette coproduction américano-japonaise brille aussi par les qualités intrinsèques des véhicules qui en ont résulté. Autrement dit, leur popularité est bien méritée.
Carrosserie
Si le Tribute est le seul VUS (véhicule utilitaire sport) de la gamme Mazda, il en va tout autrement pour l'Escape, dernier-né d'une famille nombreuse. Dans la hiérarchie Ford, il se situe au bas de l'échelle; suivent, en ordre de grandeur, les Explorer, Expedition et Excursion. Contrairement à l'Explorer, son petit frère n'a droit qu'à une seule configuration (quatre portes), à l'instar des autres utilitaires compacts. Sur le strict plan esthétique, les différences entre l'Escape et le Tribute sont subtiles mais néanmoins visibles, chacun ayant une partie avant et un postérieur qui lui sont propres. Dans un cas comme dans l'autre, c'est plutôt réussi : même s'ils ne réinventent pas le genre, leur allure sportive, voire virile, semble faire l'unanimité. On dira ce qu'on voudra, une belle gueule, c'est loin de nuire aux ventes !
Mécanique
Des deux motorisations offertes, il faut considérer le V6 et ignorer le 4 cylindres, dont les 130 chevaux ne suffisent pas à la tâche. Au chapitre des performances, c'est un peu moins pire avec la boîte manuelle, mais cette dernière est exécrable, je ne vois pas d'autres mots. À éviter, donc. Entre la version de base (XLS) et les deux autres (XLT et Limited), c'est le jour et la nuit. Cette différence réside sous le capot, le V6 Duratec de 3,0 litres transformant la tortue en lièvre. Un groupe d'options propose également le V6 pour la version de base, mais avec deux roues motrices seulement. On aura compris que le V6 et le rouage intégral font partie de l'équipement de série des deux autres versions, tout comme les freins ABS. Avec 200 chevaux, ce moteur est le plus puissant de sa catégorie et les performances vont de pair, avec une bonne accélération, des reprises franches et du couple à tous les régimes. Seule une transmission automatique peut lui être accouplée et c'est tant mieux, compte-tenu de la médiocrité de la boîte manuelle. D'origine Ford, cette transmission accomplit du bon travail, permettant au V6 de s'exprimer. L'accélération et les reprises sont franches, le couple étant présent à tous les régimes. En plein le genre de moteur qui contribue à l'agrément de conduite.
Comportement
Tant la suspension que la direction devraient servir d'exemples à bon nombre de VUS. La première brille par l'équilibre qu'elle propose entre le confort et la tenue de route; la deuxième, par sa rapidité, sa précision et son assistance bien dosée. Le rendement de la direction met d'ailleurs en évidence la touche sportive de cet utilitaire sport dont l'appellation, pour une fois, n'est pas usurpée. En plus de bien tenir la route, il a du nerf, il est agile et se faufile partout – en usage normal, s'entend. Car ce petit VUS de salon n'a pas les qualités requises pour jouer les aventuriers hors des sentiers battus. On ne peut pas tout avoir. Dans le même ordre d'idée, ce n'est pas parce qu'on roule en 4X4 qu'il faut s'abstenir des mettre des pneus d'hiver, comme est venu nous le rappeler le piètre rendement hivernal des pneus montés en série.
Habitacle
Finition de qualité, assemblage serré et ergonomie irréprochable : voilà ce qu'on constate en examinant l'habitacle sous toutes ses coutures. L'habitabilité n'est pas en reste, en largeur comme en hauteur, tandis que les passagers qui prennent place à l'arrière bénéficient d'un bon dégagement pour les jambes. Mais rien n'est parfait… À l'avant, les baquets ne procurent aucun, mais alors là aucun support latéral; de plus, le siège est trop court pour les jambes. Et c'est aussi pire à l'arrière. Quant aux frileux, ils seront déçus d'apprendre que les sièges chauffants ne sont pas disponibles, ni sur les versions plus cossues, ni en option. Dommage, car l'habitacle se serait mérité une note parfaite, tant pour sa présentation que pour sa conception.
Conclusion
On pourrait décrire l'Escape comme un VUS susceptible de plaire aux anti-VUS… Je parle par expérience personnelle, n'étant guère friand de ce type de véhicule. Si l'Escape a tout ce qu'il faut pour se réconcilier avec le genre, son comportement routier en est grandement responsable. Mais n'oublions pas ses qualités plus rationnelles, telles son apparente solidité, sa finition soignée et son habitabilité. Pour une fois, le contenu est à la hauteur de l'emballage.
Deuxième avis : Luc Gagné
Escape ou Tribute ? Tribute ou Escape ? Une chose est claire, entre ces deux jumeaux, la différence tient avant tout au style. L'Escape affiche une allure de baroudeur, alors que le Mazda Tribute paraît plus "chic". Certains notent également une différence au chapitre de la suspension et prétendent que le Tribute offre un roulement plus doux. Cela dit, le Tribute V6 me semble plus intéressant, en raison de ses performances, et ce, malgré sa propension à consommer le précieux carburant. Le quatre-cylindres est avare en carburant, et ses performances sont très quelconques. Toutefois, couplé à la boîte manuelle, il est à éviter; cette boîte de vitesses est désagréable à utiliser. Si la boîte manuelle est un incontournable pour vous, voyez plutôt le Honda CR-V.