À louer !
Par Daniel Rufiange
Il est navrant de constater que Chrysler connaît des difficultés. Quand on jette un coup d'œil à certains produits que le fabricant propose, on comprend mieux pourquoi. La Sebring fait malheureusement partie d'une liste peu envieuse de projets qui auraient dû demeurer sur la planche à dessins. Elle n'est pas dépourvue de qualités, mais de là à s'imposer pour dominer son segment, il y a une marge !
Carrosserie
Je ne sais pas par où commencer ! Si certaines lignes de la Sebring ont du style, elles sont noyées dans un enchevêtrement artistique qui, de toute évidence, ne plaît pas à mon œil. À commencer par ce capot rainuré qui donne l'impression qu'un tigre s'y est agrippé en état de panique; affreux ! Si ces mêmes rainures donnaient du style à la défunte Crossfire, elles gâchent honteusement le faciès de la Sebring. Puis, il y a cette moulure en dégradée de l'avant vers l'arrière qui n'embellit pas le profil du véhicule. Enfin, l'arrière donne l'impression d'être disproportionné par rapport au reste du véhicule, comme s'il avait été embouti par une autre voiture. Et avez-vous bien remarqué l'immensité des feux arrière ? Ouf ! Reste la version décapotable qui sauve un tant soit peu la donne, mais la facture exigée freine l'enthousiasme. Cette dernière est offerte en trois variantes : LX, Touring et Limited. La berline se décline dans les mêmes versions, en plus d'une Limited AWD, l'un des bons arguments de vente de la voiture.
Habitacle
Ce n'est guère mieux à l'intérieur, mais on s'y fait. Même qu'au bout d'une longue randonnée, tout nous tombe assez facilement dans la main, et on oublie qu'on pilote une voiture morne. La présentation est empreinte de sobriété, et l'allure combine classicisme et modernité. Les lignes épurées de la planche de bord côtoient des cadrans à l'allure sportive, un mariage, ma foi, qui finit par ne pas déplaire. La Sebring mise d'abord et avant tout sur le confort et la douceur de roulement, mission dont elle s'acquitte brillamment. Les sièges sont donc confortables, mais manquent totalement de maintien latéral, un irritant sur chemin sinueux. À l'arrière, l'espace très généreux réjouira vos passagers. Un bémol va à la qualité des plastiques qui recouvrent l'entièreté de l'habitacle; ça sent le magasinage à rabais !
Mécanique
Pour se mouvoir, la Sebring compte sur trois moteurs et deux boîtes de vitesses. Le problème réside dans le jumelage. Si le moteur de base à 4 cylindres de 2,4 litres est le plus intéressant en termes de consommation, il n'est offert qu'avec la désuète boîte à 4 rapports. Pour bénéficier d'une boîte plus moderne à 6 rapports, il faut opter pour la version Limited à moteur V6 de 3,5 litres; si ce dernier brille par son dynamisme, il consomme comme un ivrogne. Entre les deux, un V6 de 2,7 litres, aussi handicapé par la boîte à 4 rapports.
Comportement
La clientèle cible de la Sebring n'est pas à la recherche de sensations fortes. On ne sera donc pas surpris de découvrir une voiture qui mise sur le confort avant tout. Affichant un poids de plus de 1500 kilos, la Sebring n'est pas agile, mais repose quand même sur un châssis rigide qui permet d'affronter avec aplomb les routes enlacées. Cependant, l'embonpoint de la bagnole ne peut que se traduire par un certain roulis en virage, un effet de plongée au freinage et une lourdeur qui rend les manœuvres brusques plus laborieuses. La Sebring gagne des points quand on la pilote sur l'autoroute où sa douceur de roulement est fort appréciée. Quant à la décapotable, elle profite de la rigidité du châssis et se montre rassurante à conduire.
Conclusion
La concurrence est trop forte dans ce segment pour qu'un produit comme la Sebring puisse vraiment s'implanter. Les Chevrolet Malibu, Mazda6, Honda Accord, Ford Fusion et Nissan Altima lui sont toutes supérieures. Il faudra vraiment repenser cette voiture du côté de Chrysler si on souhaite vraiment qu'elle se taille une place de choix. Autrement, elle s'éteindra tristement.
Deuxième avis : PASCAL BOISSÉ
Par ses caractéristiques techniques et la qualité de ses prestations, la Sebring est une voiture qui fait pâle figure face à la concurrence. Sur la route, on ne peut pas conclure que l’expérience soit intéressante. Il est vrai qu’elle offre une bonne douceur de roulement en ligne droite sur un pavé en parfait état. Mais si la route se dégrade ou devient plus tourtueuse, la suspension arrière multibras au comportement brouillon et sautillant se met vite dans l’embarras. Il ne lui reste que son prix très compétitif pour lutter. Cependant, la chute rapide de sa valeur résiduelle aura tôt fait d’annuler cet argument. Il est triste de constater que Chrysler n’a pas su insuffler ce qui fait le succès de sa 300C dans cette Sebring renouvelée.