Entreprise ambitieuse
Par Benoit Charette
Si nous avions à décrire la nouvelle Chrysler Pacifica le plus simplement du monde, nous pourrions parler d’une familiale servie à la moderne. D’autres parlent d’une minifourgonnette qui aurait été modifiée par un fabricant de « hot rods ». Comme plusieurs constructeur, Chrysler s’ingénie à inventer de nouveaux segments de marché et cause au passage de sérieux maux de tête aux journalistes qui tentent de situer ces véhicules mutants dans une catégorie. Disons que la Pacifica est un heureux mélange de berline, de familiale et d’utilitaire guidé par un souci de confort pour les occupants. L’enjeu pour Chrysler avec l’arrivée de ces nouveaux produits consiste à hausser d’un cran la notoriété de l’entreprise pour la rapprocher de son associée, Mercedes, tout en gardant un volume assez important pour être rentable. Un gros défi à l’horizon !
Carrosserie
Selon le directeur du Design de Chrysler, Joe Dehner, la Pacifica représente l’avenir en termes de style. De la nouvelle calandre qui s’étendra à l’ensemble des produits Chrysler à la ligne centrale sur le capot, nous voulons des produits plus épurés qui donnent une forte impression d’agilité. En observant la Pacifica, vous remarquerez qu’elle est composée de 2/3 de métal et de 1/3 de verre. Cette proportion est voulue ainsi pour donner un sentiment de sécurité. « Les conducteurs ont l’impression de rouler dans un véhicule blindé », poursuit Joe Dehner. Ce choix de style donne également un aspect très massif au véhicule. La Pacifica jouit également d’une nouvelle plateforme dotée d’une suspension indépendante aux quatre roues qui met l’accent sur le confort. Chose certaine, la méthode fonctionne bien car, au moment de notre essai, plusieurs curieux s’arrêtaient pour voir qui fabriquait ce véhicule.
Habitacle
Chrysler n’a pas fait dans la dentelle pour bichonner ses passagers. Il faut tout de même ajouter que pour 44 000 $, vous êtes en droit de vous attendre à quelques coquetteries. Le luxe et le confort prennent plusieurs formes. D’abord l’espace accordé aux passagers est supérieur à la moyenne. Selon les aveux même des ingénieurs, la Pacifica a été créée pour déplacer quatre passagers dans un confort plus que parfait. Ils profitent de sièges en cuir réglables et chauffants et de plus d’espace pour la tête et les jambes que n’importe quel véhicule concurrent. Le conducteur peut également utiliser le pédalier électrique réglable. Il y a une troisième rangée de bancs conçue pour recevoir deux personnes si le besoin s’en fait sentir. Un système de climatisation à double zone et une chaîne audio Infinity haut de gamme avec changeur de six CD font également partie de l’équipement de série. Notre voiture d’essai profitait également d’un ensemble de divertissement DVD et d’un système de navigation. En plus des coussins de sécurité gonflables frontaux et latéraux, la Pacifica offre de plus deux rideaux de sécurité gonflables qui protègent les trois rangées de sièges et des coussins pour les genoux des occupants des sièges avants. Tous les matériaux utilisés sont d’excellente qualité, et la finition ne fait l’objet d’aucun reproche. Un dernier truc très pratique emprunté à la famille des Caravan, le hayon électrique à l’arrière qui s’ouvre et se ferme avec la télécommande.
Mécanique
Si Chrysler innove en termes de style, sous le capot, on retrouve une bonne vieille connaissance, le V6 de 3,5 litres à 24 soupapes développant 250 chevaux (celui qui équipe la berline 300M notamment), couplé à une vieillissante boîte de vitesses automatique à 4 rapports. Première déception : la boîte automatique et le moteur forme un bien vilain couple; non seulement la boîte souffre-t-elle d’un peu de paresse dans ses changements de rapports, mais elle est également incapable de tirer le plein potentiel de la mécanique. À une époque où Mercedes offre une boîte automatique à 7 rapports, il est difficile de croire que Chrysler ne peut faire mieux. Il y a tout de même de l’espoir car plusieurs ingénieurs ont confirmé s’être mis au travail pour réaliser une boîte à cinq rapports à l’horizon 2005. Souhaitons-le ! Seconde déception : si le moteur performe très bien sous le capot de la 300M, il manque de souffle dans la Pacifica. La raison est simple, avec plus de 2000 kilos à traîner, la tâche à accomplir est simplement trop lourde, et la remise des gaz se fait péniblement.
Comportement
Voici sans doute le meilleur élément de vente de ce véhicule. Sur la route, la Pacifica brille par son silence quasi parfait. En prenant place à bord, vous noterez la collaboration de Mercedes au moment de refermer la porte. Cette impression de conduire dans une voûte de banque propre aux berlines allemandes est très bien restituée à bord de la Pacifica. Au volant, la voiture se comporte très bien tant en ligne droite que sur les chemins sinueux. Le freinage, malgré le poids, est direct et sans hésitation, et l’excellente agilité donne l’impression de conduire un véhicule plus petit qu’il ne l’est en réalité. La suspension multibras, empruntée à Mercedes, ne mérite que des éloges. À la fois souple et confortable, elle ne verse jamais dans la mollesse excessive, et le poids ajoute un sentiment de robustesse et de sécurité au volant. Malheureusement, ce même poids donne du fil à retordre au moteur V6 qui n’a pas assez de ses 250 chevaux quand vient le moment de dépasser ou d’entrer dans une bretelle d’autoroute. On entend le moteur rétrograder sur le 2e rapport afin de relancer la voiture dans un élan de disgrâce cacophonique qui fait mal à entendre. Le tout revient à la normale une fois la vitesse de croisière atteinte, mais Chrysler devra voir à régler ce problème de puissance à court terme; en effet, en plus d’être disgracieux, les chiffres de consommation en souffrent. Au cours de notre semaine d’essai avec plus de 1000 kilomètres parcourus, impossible de baisser sous la barre des 14 litres aux 100 km avec 75 % du trajet sur l’autoroute.
Conclusion
Chrysler mise gros sur ce nouveau véhicule fabriqué dans son usine de Windsor, en Ontario. La firme germano-américaine souhaite écouler pas moins de 8000 Pacifica par année au Canada. Un objectif ambitieux considérant que les concurrents comme le Lexus RX 330 ou L’Acura MDX qui se vendent environ le même prix écoul