La fin d’un cycle
Par Benoit Charette
Chrysler a dévoilé au salon de l’auto de New York 2003, le concept 300C qui remplacera l’actuelle 300M comme année modèle 2005. Changement dramatique d’orientation pour le fabricant américain qui ramène la propulsion à l’avant-plan et met un terme au concept de la cabine avancée instaurée en 1993. Les dirigeants de DaimlerChrysler pigeront allégrement dans la banque d’organes de Mercedes pour créer non seulement la 300C, mais quelques modèles dérivés à prix plus abordable. Sans l’ombre d’un doute, la prochaine livrée d’Intrepid en fera partie. Alors ceux qui aiment la voiture sous sa présente robe, mieux vaut en profiter cette année, car l’avenir risque d’être fort différent.
Carrosserie
L’Intrepid est offerte en trois versions en 2004 : la SE, la ES et la SXT. Visuellement, les changements sont minimes. La SE profite de nouveaux phares d’appoint et de nouvelles roues de 16 pouces. Les acheteurs pourront également se procurer leur Intrepid dans deux nouvelles couleurs de carrosserie : bleu nuit et bleu « butane ». Les lignes conservent leurs rondeurs qui font le charme du dessin de cette voiture.
Habitacle
On respire au moment de prendre place dans l’Intrepid. L’espace est généreux pour tous les occupants à l’avant comme à l’arrière. Les sièges offrent un confort correct (surtout pour une voiture américaine). Un bémol pour la présentation du tableau qui, après toutes ces années, laisse encore un arrière-goût dans la bouche. Si la disposition des commandes est conçue de manière très logique, la présentation est simpliste, et le plastique trop bon marché. Il est trop évident qu’on coupe sur la qualité. En ce qui concerne l’équipement de série, la SE vient avec un climatiseur, les vitres et les serrures électriques, le régulateur de vitesse, les phares d’appoint, la chaîne audio avec lecteur de cassettes et 4 haut-parleurs. Vous obtiendrez en plus dans la ES des roues de 16 pouces en aluminium, un siège à réglage électrique pour le conducteur et un volant gainé de cuir. Finalement, la SXT est livrée avec un ordinateur de bord, une chaîne audio avec lecteur de CD et 6 haut-parleurs, des roues chromées de 16 pouces et un intérieur personnalisé. Sur la liste des options, on retrouve le toit ouvrant électrique, les sièges de cuir (ES et SXT), le lecteur de 6 CD dans le tableau de bord et, étonnamment, la banquette repliable 60/40 qui devrait figurer dans la liste d’équipement de série.
Mécanique
Tous les moteurs offerts reposent sur une technologie de pointe avec bloc-moteur entièrement fait d’aluminium. La SE est équipée d’un V6 de 2,7 litres de 200 chevaux. La cylindrée passe à 3,5 litres et 232 chevaux pour la ES, tandis que la SXT extrait 250 chevaux de la même mécanique de 3,5 litres. La seule boîte de vitesses offerte est l’automatique à 4 rapports. Si la technique est moderne, il faudrait que Chrysler se penche sur le peaufinage de sa sonorité. Depuis près de dix ans, tous les moteurs de la famille LH chantent comme un moteur de bateau. Il manque de cette virilité qui rend l’expérience plus agréable.
Comportement
Grâce à une structure rigide et à des roues bien plantées aux quatre coins du véhicule, l’Intrepid tient très bien le cap. Si les performances de la SE avec sa maigre puissance de 200 chevaux ne peuvent être qualifiées de sportives, la SXT offre, quant à elle, tout le tonus nécessaire. Sur tous les modèles essayés, la direction est précise; la suspension des modèles SE et ES pêchent parfois par excès de mollesse (surtout sur les routes en mauvais état), et le freinage mérite au mieux un 5 sur 10. Les distances d’arrêt sont beaucoup trop longues, la pédale est spongieuse et imprécise, et l’on sent très rapidement le manque d’endurance des plaquettes. Toutefois, si vous avez un penchant pour les voitures américaines, l’Intrepid demeure, à mon avis, le meilleur choix dans cette catégorie.
Conclusion
Beau, assez bon et pas trop cher; suffisant pour bien des gens.
Forces
Un habitacle plus que généreux Une très bonne tenue de route Une direction précise
Faiblesses
La qualité discutable des plastiques à l’intérieur Le freinage de piètre qualité La vue réduite dans la lunette arrière
Nouveautés
Des phares d’appoint pour la version SE De nouvelles roues de 16 pouces Deux nouvelles teintes de carrosserie (bleu nuit et bleu butane)
Philippe Laguë 2e opinion
En renouvelant l'Intrepid, il y a cinq ans, Chrysler s'est efforcé de la fiabiliser. S'il y a effectivement eu progrès, on est encore loin de la concurrence japonaise. Mais, bon, il faut bien commencer quelque part… Cela dit, l'influence de Mercedes commence à se faire sentir, au chapitre du freinage, notamment. Mais l'exécrable boîte bimodale AutoStick est à proscrire, tandis que la boîte automatique régulière n'est guère mieux. Cela n'empêche pas l'Intrepid d'être la mesure-étalon de ce créneau, en raison de ses qualités routières, conjuguées à une habitabilité et un confort de premier ordre. Avec le renouvellement imminent des berlines LH, on peut penser que le meilleur est à venir.