Génétique (bien) Appliquée
Hugues Gonnot
Pour ou contre les organismes génétiquement modifiés ? On ne relancera pas le débat, rassurez- vous. Mais l’idée des OGM et des manipulations génétiques en général est de regrouper le meilleur de plusieurs éléments en un seul. Alors, en combinant la technologie Mercedes et le style Chrysler, la Crossfire est bien un OGM.
Carrosserie
La Crossfire fait encore tourner les têtes sur son passage. Un petit tour dans Beverly Hills avec le cabriolet, rien de moins, suffit pour s’en convaincre. Elle possède des lignes que seuls des Américains auraient osé dessiner. La réussite de Chrysler est d’avoir transposé en série le prototype présenté à Detroit en 2001 sans rien avoir dénaturé mais en lui greffant un avant, disons, plus pratique. L’autre réussite est d’avoir présenté un cabriolet qui conserve le même impact visuel que le coupé. Sa capote est électrique et se déploie en 22 secondes. Pourtant, elle nécessite encore quelques manipulations manuelles et c’est dommage. En revanche, elle protège fort bien des bruits de l’extérieur. Certes, le volume du coffre n’est pas énorme, surtout dans le cas du cabriolet avec la capote qui mange un espace conséquent (au moins, il y a toujours les bagages sur mesure). On regrettera aussi la visibilité arrière réduite, surtout quand l’aileron escamotable est sorti (au-delà de 92 km/h). Pas d’aileron escamotable pour la SRT-6, ce dernier est fixe. Cette version ultrasportive se distingue aussi par des jantes spécifiques à 15 bâtons.
Habitacle
En jouant sur les couleurs, le choix de quelques matériaux et le design de certaines composantes (principalement les compteurs), Chrysler a habilement réussi à réutiliser la planche de bord de la SLK. Le choix de couleurs est très américain, surtout avec le nouvel intérieur crème (qui devrait s’avérer salissant à l’usage). Les sièges, fermes, manquent quelque peu de soutien lombaire et on aurait souhaité la présence d’un réglage en hauteur de la colonne de direction. C’est tout pour les plaintes. Pour le reste, l’habitacle respire la qualité et l’ergonomie se révèle excellente. L’espace disponible se situe dans la norme de la catégorie. L’équipement est complet et même la nouvelle version « de base » ne paraît pas dépouillée.
Mécanique
La majorité de ce qui ne se voit pas provient de la Mercedes SLK (ancienne génération) : plateforme, moteur, boîtes de vitesses et trains roulants. Le moteur «de base» se montre plus souple que puissant, mais il permet déjà de s’amuser. Quant à celui de la bestiale SRT-6, il s’agit d’une version revisitée du moteur à compresseur développé par AMG. À ne pas mettre entre toutes les mains ! Les boîtes sont agréables, tant en version manuelle qu’automatique, avec des commandes réussies et des étagements bien adaptés. Le freinage se montre puissant et progressif en toutes circonstances, même lors d’un petit gymkhana sur circuit.
Comportement
Comme sa cousine, la SLK, la Crossfire se révèle efficace mais n’arrivera pas à parler aux vrais amateurs de sportivité. Celle-ci s’avère plutôt être une grand-tourisme… à l’allemande. La baisse sensible de rigidité structurelle du cabriolet (-50%) ne compromet pas son équilibre. De même, la pose de pneus un peu plus souples dans ce dernier correspond bien au caractère plus coulé de l’engin.
Conclusion
D’un modèle unique, la Crossfire est aujourd’hui devenue une gamme. Preuve qu’on a remporté le pari, osé, d’aller marcher dans les plates-bandes de BMW, de Porsche ou d’Infiniti. Ce que l’on n’aurait pas pu prévoir de Chrysler il y a seulement cinq ans. Mercedes a mis son (gros) grain de sel et la sauce est en train de prendre. La Crossfire aurait pu juste avoir une belle gueule. Mais elle est aussi une voiture équilibrée, plaisante à conduire et bien construite. Preuve que les OGM, ça a parfois du bon ! Forces •Lignes superbes (coupé et cabriolet) •Habitacle agréable •Mécanique agréable et fiable
Faiblesses
•Sièges très fermes •Position de conduite parfois difficile à trouver •Petits détails de finition
Nouveautés en 2005
• Nouvelles versions Limited et SRT-6
2e opinion Nadine Filion
• Quand l’art rencontre le techno… Voilà comment l’on pourrait décrire la superbe Crossfire. Pas seulement belle à l’extérieur, la sportive : elle bénéficie également de l’un des plus beaux intérieurs de sa catégorie – le deux tons « vanille cool » est d’un chic, mes amis… Voilà qui compense pour un espace de chargement sous la moyenne. On aime tout particulièrement cet aileron qui s’élève dès que les 92 km/h sont franchis… Puissance et solide comportement routier sont au rendez-vous ; la Crossfire n’a pas à rougir de la concurrence. Même si, encore et toujours, la compétition de BMW se fait plus agile et plus maniable… mais soyez assuré que vous serez le clou du spectacle, peu importe votre destination (à l’exception de Monaco peut-être).