L’égale des japonaises
Par Philippe Laguë
La Chevrolet Malibu a deux énormes défis à relever : montrer qu’elle est l’égale des Camry, Accord et autres japonaises qui dominent le segment des berlines intermédiaires et attirer les acheteurs après la faillite retentissante de General Motors. Pas une mince affaire…
CARROSSERIE
L’élégance de cette berline, qui semble plaire à la majorité, lui confère une prestance qui pourrait très bien être celle d’une voiture de luxe. Elle possède une élégance qui fait cruellement défaut à ses rivales asiatiques. Les artifices de plastique et autres excroissances qui boursouflaient les carrosseries des modèles GM ont enfin disparu : alléluia !
Comme la plupart des modèles de cette catégorie, la Malibu ne se décline qu’en une seule configuration. La version à 5 portes de la génération précédente n’a pas été reconduite lors de la refonte, il y a deux ans. Cette berline dispose toutefois d’un très grand coffre.
HABITACLE
La piètre réputation de GM repose en bonne partie sur l’assemblage bâclé, la piètre qualité des matériaux à l’intérieur et une décoration d’un goût discutable. Oubliez tout cela : l’habitacle de la Malibu n’a plus rien à envier à celui de n’importe quelle berline japonaise. Pour sa finition et sa construction, cette voiture se place dans le peloton de tête, aux côtés de la Honda Accord et de la Mazda6. Et devant la Camry. Qui l’eût cru ?
Regroupées dans une console centrale bien aérée, les commandes sont simples, bien placées et faciles à manipuler. Dans la version de base, les sièges sont moelleux et maintiennent bien le corps. Les versions plus cossues proposent des baquets un peu plus fermes mais tout aussi confortables. La banquette arrière est cependant plus rigide, et le maintien latéral est déficient. Par contre, ceux qui y prennent place apprécieront l’espace dont ils disposent pour la tête et les jambes. Côté habitabilité, la Malibu est encore une fois une première de classe; idem pour l’insonorisation.
MÉCANIQUE
Comme c'est la norme dans ce créneau, des motorisations à 4 et à 6 cylindres sont offertes. Une version hybride est aussi offerte : il s'agit toutefois d'un système de première génération, ou hybride léger (mild hybrid). Traduction : un système beaucoup moins sophistiqué que la Ford Fusion ou les Toyota Camry et Prius.
Grosso modo, il s'agit d'un alterno-démarreur qui éteint le moteur quand le véhicule est à l'arrêt et réduit légèrement la consommation à l’accélération. Pour ce qui est de la version hybride, cette consommation est à peine inférieure à celle du 4-cylindres classique : lors d'un périple Montréal-Boston-Montréal, nous avons obtenu une moyenne de 8 litres aux 100 kilomètres avec le régulateur de vitesse à 120 km/h. (À 100, je m'endors, surtout sur une longue distance…)
Il est vrai, par ailleurs, que la consommation du 4-cylindres ordinaire est impressionnante : sur l’autoroute, nous avons obtenu 6,8 litres aux 100 kilomètres ! Les qualités de ce moteur ne s'arrêtent pas là : il est souple, silencieux, et ses performances sont tout à fait correctes. Il est vrai que notre véhicule d'essai disposait d'une boîte de vitesses automatique à 6 rapports (en option) et non de celle à 4 rapports offerte de série. Ça fait une différence, surtout au chapitre de la consommation.
COMPORTEMENT
L'acheteur type d'une berline intermédiaire privilégie le confort et l'habitabilité. Aussi trouve-t-on peu de voitures amusantes à conduire dans ce segment (la Mazda6 étant l'exception qui confirme la règle).
La Malibu montre cependant plus d'aplomb, de fermeté que ses rivales japonaises ou coréennes. Le dosage de la direction assistée est moins excessif que celui de l'Accord et, surtout, de la Camry. La base de cette voiture est, par ailleurs, très saine, comme le confirme une tenue de route sûre et une bonne tenue de cap. Quant au confort et à la douceur de roulement, ils sont encore une fois à la hauteur des meilleures japonaises.
CONCLUSION
Hier encore, la Malibu faisait partie de ces voitures génériques qui grossissent les rangs des parcs de taxis ou des entreprises de location. Un honnête moyen de transport; inodore, incolore et sans saveur. Cette époque est révolue : la Malibu est l’une des voitures les plus intéressantes de ce créneau, un exploit d'autant plus remarquable que les bons joueurs y sont nombreux. C'est également la preuve que GM est enfin capable de rivaliser avec les meilleures marques japonaises. Reste maintenant à convaincre les acheteurs de renouer la « nouvelle GM ».
FORCES
– Réussite esthétique
– Finition et qualité d’assemblage
– Habitabilité
– Solide paire de moteurs (4 et 6 cyl.)
– Consommation
– Conduite inspirée
FAIBLESSES
– Une seule configuration
– Banquette arrière quelconque
– Version hybride sans intérêt
– Réputation à refaire (GM)
NOUVEAUTÉS EN 2010 :
Aucun changement majeur