Le coup de masse
Par Carl Nadeau
Les fabricants américains rêvent depuis longtemps d'attaquer la chasse gardée des supercars. Les dernières années nous ont apporté plusieurs efforts pour le moins louables : la Ford GT était assez géniale, la Viper, bestiale à souhait, mais la seule qui mérite pleinement sa place auprès des Ferrari et Lamborghini de ce monde, c'est définitivement la Corvette ZR1. Elle n'en a pas le prestige, mais les performances parlent d'elles-mêmes.
Carrosserie
La fibre de carbone domine une carrosserie taillée pour offrir un aérodynamisme parfait et, surtout, pour limiter au maximum l'effet de soulèvement à haute vitesse. Une ouverture en carbone dans le capot annonce les couleurs et permet d'admirer le moteur, on a l'eau à la bouche avant même d'insérer la clé dans le contact ! La silhouette déjà ultra sportive des modèles de base, qui a su évoluer dans le bon sens au cours des années, bénéficie de touches supplémentaires subtiles et efficaces sur la ZR1. On y a ajouté des badges spécifiques, un aileron et un diffuseur avant, notamment. Pour assurer une rigidité maximale aux modèles s'adressant aux plus sportifs, le toit (en carbone sur la ZR1) est fixe et ne peut être retiré, rigidité oblige.
Habitacle
Typiquement Corvette, tout ce dont vous avez vraiment besoin et rien d'inutile. Le bloc d'instruments est simple, facile à consulter, et l'affichage à tête haute est bien utile pour éviter les coûteux excès de vitesse. Les sièges sont confortables et maintiennent bien, surtout dans la ZR1 (encore elle). L'insonorisation est soignée, l'habitable ne laisse percevoir que peu de bruits, sauf celui du chant du moteur quand vous le sollicitez. Le diamètre du volant de la ZR1 est inférieur à celui de la Z06, ce qui règle un défaut gênant, mais son odomètre gradué jusqu'à des vitesses insensées (elle roule quand même à plus de 330 km/h) est difficile à lire quand on roule à des vitesses décentes.
Mécanique
C'est un avion ? Une fusée ? Un véhicule Nascar lancé à pleine vitesse ? Non c'est simplement la nouvelle ZR1 qui fait une balade de santé ! Imaginez la sensation d'enfoncer l'accélérateur et de sentir 638 chevaux déchaînés, sans compter le couple de 604 livres-pied, qui vous plaquent à votre siège et empêchent votre passager de respirer, le bonheur ! J'ai rarement, sinon jamais, conduit un véhicule affichant deux personnalités aussi distinctes. Sur la route, la ZR1 est si douce qu'on croirait rouler dans une berline. On peut rouler dans un silence quasi absolu à 80 km/h sur le sixième rapport avec le moteur qui ronronne doucement à 1200 tours par minute. Pourtant attention, dès que vous dépassez les 3000 tours, la sonorité change du tout au tout, et vous devez vous attendre à des performances dignes d'un missile. Le modèle de base n'est pas en reste avec l'excellent moteur qui délivre maintenant 430 chevaux, et la Z06 demeure une voiture extraordinaire avec ses 505 chevaux.
Comportement
Peu importe la livrée choisie, vous n'aurez jamais l'impression de conduire une voiture américaine. Le volant est précis, le roulis, faible en virage, les suspensions et le châssis, rigides. La ZR1 vous permet même de passer du confort du mode tourisme (la Corvette la plus confortable sur le marché, malgré les performances ahurissantes) au mode sport, axé sur la conduite en piste. Les freins sont toujours à la hauteur de la situation, surtout sur un certain nouveau modèle qui offre des freins en carbone d'origine qui feraient rougir la Ferrari Enzo !
Conclusion
L'expression « une main de fer dans un gant de velours » est utilisée à toutes les sauces, mais aucun véhicule ne lui sied aussi merveilleusement bien que la Corvette. Elle peut rouler sur nos mauvaises routes sans faire payer cher le dos de son propriétaire; son antipatinage est efficace pour empêcher les sorties de routes causées par des excès d'enthousiasme, et le modèle ne se démode pas, bien au contraire.
Deuxième avis : Benoit Charette
La Corvette a toujours représenté le meilleur rapport prix-performances sur la route. Dans le passé, cette équation venait au prix d'un inconfort inqualifiable et d'un assemblage approximatif pour ne pas dire mauvais. Depuis la 5e génération, les choses se sont grandement améliorées. Aujourd'hui, à sa 6e génération, beaucoup n'ont plus de problèmes à comparer une Corvette à une Porsche ou à une Viper. Avec le retour de la ZR1 et de ses 638 chevaux, on navigue maintenant dans l'air très raréfié des voitures exotiques, mais toujours à la moitié du prix de la concurrence. GM a su garder le prix et la performance, mais offre maintenant une qualité qui devrait donner des maux de tête aux très coûteuses européennes.