Trop forte concurrence
Par Benoit Charrette
Malgré un nombre indéniable de qualités, la XLR n'a jamais conquis le cœur des acheteurs de cabriolets haut de gamme. Il se vend trois à quatre fois plus de Mercedes SL ou de BMW Série 6. La raison est simple : GM n'a pas encore appris comment fabriquer un produit raffiné. La XLR n'est rien d'autre qu'une Corvette endimanchée, et ce n'est pas ce que la clientèle visée recherche. Pourtant ce n'est pas faute d'essayer.
Carrosserie
Cadillac avait présenté la XLR sous le vocable « Art and Science » lors de son lancement, en 2004. On pourrait attribuer à l'art baroque les lignes tendues et ses flancs très épurés qui semblent avoir été coupés à la hache. Les porte-à-faux avant et arrière très courts contribuent au style provocateur. La version XLR-V offre des jantes en aluminium très aérées, des quadruples sorties d'échappement centrales et les petits logos apposés sur les flancs pour identifier cette variante sportive. L'inconvénient d'un style aussi tranchant est sa courte durée de vie. Alors que Mercedes, avec sa SL, ou Porsche, avec sa 911, offrent des lignes indémodables, la XLR a déjà l'air défraîchie. C'est probablement un facteur qui a contribué à une baisse des ventes de plus de 40 % au Canada.
Habitacle
Ici, il faut avouer que Cadillac a fait l'effort de se mettre au diapason international. Le choix des matériaux et la qualité de l'assemblage sont sans reproche. L'équipement de série est pléthorique et, contrairement à certaines concurrentes, le client possède une voiture complètement équipée sans devoir piger dans une liste interminable et très coûteuse d'options. Parmi les quelques irritants, le coffre déclare forfait dès qu'on range le toit. Un point très pénalisant car il empêche d'envisager le petit week-end en amoureux sur routes ensoleillées. Un comble pour un tel engin ! Mais malgré tout, c'est du côté de la finition et de l'aménagement que cette voiture marque le plus de points. Il s'agit sans doute du plus bel exemple d'intérieur de GM.
Mécanique
Difficile d'imaginer une Cadillac sans son V8. La version de base fait confiance à la crème de la crème de GM, le moteur Northstar de 4,6 litres qui développe une puissance de 320 chevaux. Ce moteur n'a rien à envier à ses concurrents germaniques. Il est souple, puissant et capable de se montrer discret (un peu trop même) sur la route. Sur la version V, Cadillac a repris le même V8 auquel elle a greffé un compresseur Roots, le plus gros compresseur de la production mondiale ! Cela en dit long sur les ambitions de Cadillac. Mais les 123 chevaux supplémentaires de la XLR-V ne sont pas à mettre au seul crédit de cet appendice mécanique. On a entièrement revu le V8 dans ses entrailles pour lui permettre d'encaisser cette puissance. Il est à noter que 90 % du couple est disponible dès 2500 tr/min. Inutile d'ajouter que ce V8 est puissant mais également très souple. Une souplesse à laquelle contribue activement la boîte de vitesses automatique à 6 rapports qui équipe les deux versions. Si ce n'était de l'écusson Cadillac, vous pourriez croire que vous êtes au volant d'une européenne.
Comportement
La suspension à double triangulation à l'avant et à l'arrière flanquée d'une répartition 50/50 du poids a une incidence positive sur le comportement routier. La V profite en plus d'une suspension avec mode sport réglable baptisé MRC (Magnetic Ride Control). En utilisant les propriétés magnétiques du fer, elle permet un amortissement variable en fonction de divers paramètres. La qualité du confort est bonne, mais j'aurais tout de même souhaité une meilleure communion avec la route; de plus, la suspension devient franchement raide quand la route se dégrade. Nous sommes encore loin de BMW et de Porsche, et c'est dommage. Pour ce qui est des accélérations, rien à redire, vous mettrez 5,8 secondes à boucler le 0 à 100 km/h dans la version de base et seulement 5 secondes avec la XLR-V.
Conclusion
La Cadillac XLR-V est bien finie, originale et puissante. Dommage que son V8 de base soit si discret, et que son image soit peu développée. Un handicap majeur car, dans cette catégorie, sans image point de salut.
Deuxième avis : Philippe Laguë
Pour sa première tentative dans le très sélect créneau des cabriolets de plus de 100 000 $, force est d'admettre que Cadillac a réussi son entrée. Jugez plutôt : des lignes spectaculaires, originales; de la puissance; du confort; un comportement routier relevé; une mécanique raffinée et une technologie de pointe. La XLR a tout ça, en plus de garantir l'exclusivité à celui ou à celle qui en possède une. Certes, elle n'a pas le prestige d'une Mercedes-Benz SL, d'une Jaguar XK ou d'une Porsche 911 Cabriolet ; mais il était important pour GM de prouver que sa division de prestige pouvait se mesurer à des marques aussi réputées. S'il est difficile d'obtenir des données sur la fiabilité de la XLR, il faut néanmoins mentionner que les allemandes ne brillent guère à ce chapitre, à l'exception de Porsche.