Crise d'identité
Par Benoit Charrette
À l'heure où le prix du baril de pétrole atteint des niveaux inégalés, le très luxueux Cadillac SRX perd de sa superbe. Malgré son style avant-gardiste et son raffinement, il semble que le SRX n'ait jamais trouvé la niche que GM voulait lui construire. Les ventes, plus que discrètes, risquent de sombrer dans l'oubli, particulièrement si Cadillac laisse le véhicule à lui-même. Portrait d'une bonne idée qui ne trouve toujours pas preneur.
Carrosserie
La silhouette coupée à la serpe a toujours attiré la curiosité des badauds, mais sans jamais aller plus loin. Même après plusieurs années sur le marché, les gens qui rencontrent l'un des rares SRX sur la route se demandent encore de quoi il s'agit. Pourtant, le style est contemporain, les lignes, modernes et épurées. Le chrome qui arbore habituellement ce genre de véhicule de GM est remarquablement absent sur le SRX. La faible hauteur du pavillon et les phares à DEL confèrent un petit côté européen à l'ensemble. Ses roues de 17, de 18 et de 20 pouces assurent un style définitivement sportif.
Habitacle
Fidèle à ses habitudes, Cadillac joue la carte du luxe. L'intérieur habillé de cuir souple et de bois dégage de la chaleur. Les matériaux sont toujours de qualité, on se sent comme dans son fauteuil préféré. Il faut mentionner que la cabine est assemblée à la main, que le souci du détail se reflète dans le tableau de bord, et que la garniture des portes a été fabriquée selon le procédé « découpé et cousu-main ». Le SRX offre toujours une 3e rangée en option pour accueillir deux enfants ou deux adultes si la route n'est pas trop longue. On y trouve donc tous les attributs des voitures de luxe.
Mécanique
Vous avez toujours le choix de deux mécaniques sous le capot. La version de base offre le plus récent V6 de la famille GM qui, depuis son introduction dans le SRX, est en passe de faire le tour de la famille. Il génère une puissance veloutée de 255 chevaux fort appréciable. Bien servi par une boîte de vitesses automatique à 5 rapports, il s'offre un 100 km/h départ arrêté en 8,4 secondes. Non seulement son poids de 1918 kilos affecte-t-il les performances, mais il a également un effet négatif sur la consommation qui grimpe à près de 18 litres aux 100 kilomètres en ville. Si la consommation ne vous fait pas peur, GM propose également le V8 de 4,6 litres de 320 chevaux. Il est vrai que le poids de cette version, qui frôle les 2000 kilos, sied mieux à un moteur V8, plus souple que le V6. La boîte électronique à 6 rapports complète très bien cette mécanique.
Comportement
Je dois admettre que j'ai toujours été un peu déçu au volant du SRX. Son physique plutôt sportif laisse entrevoir un potentiel intéressant derrière le volant. Le poids est malheureusement un handicap difficile à surmonter. On sent le véhicule un peu pataud; la direction est trop assistée, et la suspension, trop molle, manque d'assurance sur nos nombreuses routes en décrépitude avancée. De plus, le freinage a toujours souffert d'un manque de fermeté. À la décharge du modèle V8, il faut admettre que la suspension magnétique, qui procure un système d'amortissement variable en temps réel continu et indépendant à chaque roue, offre une tenue de route plus rassurante et se charge de niveler la route. La puissance du V8 forme également un couple plus harmonieux avec ce lourd châssis.
Conclusion
Tous les constructeurs d'automobiles visent à frapper un coup de circuit avec tous leurs modèles; dans le cas du SRX, le frappeur a fait un bon contact avec la balle, mais cette dernière est demeurée dans la zone des fausses balles. Le contenant est prometteur, mais la conduite n'est pas à la hauteur desattentes; le prix trop élevé et la consommation trop importante sont une bien mauvaise équation.
Deuxième avis : Daniel Rufiange
La refonte complète des produits Cadillac ne s'est pas réalisée dans la plus grande discrétion. En tête, la CTS a fait et fait encore parler d'elle, ce qui n'est pas mauvais en soi pour le fabricant. Dans la gamme s'est glissée une familiale haute sur pattes, la SRX, que j'ai eu le plaisir de découvrir l'an dernier. Cette dernière est malheureusement méconnue. Son prix y est peut-être pour quelque chose, mais ceux qui lorgnent vers des néo-utilitaires pseudo luxueux (lire multisegment) devraient peut-être faire un détour du côté de Cadillac. La SRX se manie comme un charme, nous transporte dans le plus grand des conforts et nous accueille dans un intérieur enfin digne du logo incrusté dans le volant. À considérer sérieusement !