Quand GM s’y met…
N a d i n e F i l i o n
L’offre de crossovers s’accroît de plus en plus. L’an dernier au Canada, les ventes de ce nouveau segment ont crû de 88 % – de très loin la plus importante augmentation de l’industrie. Avec son SRX, Cadillac nage au beau milieu de cette action. Surtout, le véhicule prouve que lorsque GM le veut, il le peut.
Carrosserie
On ne peut accuser Cadillac de ne pas oser. Avec son design edge, le SRX ne plaît peut-être pas à tous, mais il a le mérite d’être différent. Et audacieux. Bravo. Assemblé sur la plateforme Sigma (qu’il partage avec la berline CTS), le SRX a moins l’air d’un mastodonte que la plupart des utilitaires. Mais ne vous y méprenez pas: il accueille sept passagers – à condition cependant que les deux occupants de la troisième banquette soient de petit gabarit… ou tolérants de nature.
Habitacle
Qu’un constructeur qui ose tant pour l’extérieur d’un véhicule se contente d’un intérieur aussi morne est difficile à comprendre. Le plastique « cheapette » qui recouvre la planche de bord du SRX, l’instrumentation sans inspiration et l’écran d’ordinateur à la lecture vieillotte et cafouilleuse ne conviennent pas du tout à un véhicule de luxe. Il en résulte d’ailleurs un habitacle froid et peu accueillant. Quitte à chicaner, parlons de ces sorties du véhicule qui se terminent inévitablement par un peu plus de calcium sur le mollet. C’est comme si la marche était toujours trop haute. Notons aussi la piètre visibilité arrière et latérale, qui est le lot des carrosseries en «tube». En revanche, le toit ouvrant qui s’étire jusqu’au-dessus de la tête des passagers arrière est un beau «plus ». Tout comme le hayon qui se fait tout léger, et la troisième banquette qui s’abaisse électriquement (bon, elle met 20 longues secondes à s’exécuter, mais cela vous évite le tour de rein). Le hic, c’est que trois fois sur quatre, ces équipements sont optionnels. Dans un véhicule de plus de 50 000 $ (plus de 60 000 $ si l’on opte pour le V8), on aurait voulu que soient inclus la mémoire pré-sélectionnée du siège du conducteur, les pédales ajustables, la climatisation arrière ou encore le toit ouvrant (oui, oui, le toit ouvrant est optionnel!). On aurait aussi voulu que le volant soit télescopique, pas seulement inclinable.
Mécanique
Deux motorisations propulsent le SRX : un moteur V6 de 3,6 litres produisant 255 chevaux et le V8 Northstar (le même que pour le roadster XLR), qui développe 320 chevaux. Le véhicule peut être livré avec la traction intégrale. Qu’une seule boîte au catalogue, mais une qui travaille tout en douceur : l’automatique à cinq rapports avec mode manuel.
Comportement
Se glisser derrière le volant du SRX fait oublier toutes les récriminations énumérées ci-dessus. Les ingénieurs ont su atteindre un bel équilibre entre le confort et la performance, notamment grâce à la suspension Magnetic Ride (optionnelle, bien sûr…). L’invention donne de fantastiques résultats – elle a d’ailleurs remporté le prix de la Meilleure Nouvelle Technologie décerné par l’Association des journalistes automobiles du Canada en 2003. En accélération, le SRX sait fort bien se démener. Appuyez sur le champignon et vous verrez… La direction n’est ni trop molle ni trop rigide. La tenue de route se révèle stable. Le système StabiliTrack et le dispositif d’antipatinage s’exécutent de façon rassurante. Bref, maniable et presque athlétique, le SRX. Qui a dit qu’on ne pouvait avoir du plaisir à conduire autre chose qu’une voiture sport ?
Conclusion
Va pour le plaisir de conduire, mais encore une fois, pour un prix de base de plus de 50 000 $ qui grimpe allègrement au rythme des options (la version essayée valait 73405$!), plusieurs diront que les crossovers, c’est bien beau, mais il y a des limites.
Forces
•Belles performances •Lignes extérieures audacieuses •Des aides à la conduite qui fonctionnent bien
Faiblesses
•Équipements optionnels qu’on voudrait de série •Marche haute •Design intérieur peu inspirant
Nouveautés en 2005
•Groupe remorquage (V6), suspention magnétique pour version à propulsion, appliques chromées sur tableau de bord
2e opinion Philippe Laguë
• Le SRX évolue dans un créneau où la concurrence est relevée, avec des adversaires ayant pour nom Acura (MDX), BMW (X5), Lexus (RX 330) et Infiniti (FX45), pour ne nommer qu’eux. Mais il ne souffre d’aucun complexe vis-à-vis de ces nobles rivaux ; dans certains cas, il n’en fait qu’une bouchée ! Résumons : il est plus confortable que les X5 et FX45 ; moins ennuyant à conduire que les MDX et RX 330 ; son V8 est aussi puissant que ceux de BMW et d’Infiniti ; et sa finition est irréprochable. Une seule inconnue : la fiabilité. Seul le temps nous dira si Cadillac peut désormais faire jeu égal avec les marques de prestige japonaises à ce chapitre. Mais comme première tentative dans le créneau des crossovers de luxe, on peut dire que c’est réussi ! Impressionnant.