Louis-Sébastien Laflamme En route vers
le sommet
Louis-Sébastien Laflamme
L’escalade est un sport dangereux. En se lançant dans le segment des VUS de luxe en 1999, Cadillac courait certains risques. Surtout que la marque de prestige avait toujours snobé ce genre de véhicules. Malgré des critiques virulentes et une année de retraite en 2001, l’Escalade est aujourd’hui devenu un véhicule convoité qui se vend bien. En 2006, on prévoit une refonte complète avec une version animée possiblement d’un V12. On grimpe vers des cimes de démesure inexplorées.
Carrosserie
Certains observateurs de la scène automobile se souviennent sans doute de la supercherie des Cadillac Cimarron 1982-1988. On avait simplement maquillé une Chevrolet Cavalier pour la vendre au prix d’une Cadillac. La même histoire se répète. L’Escalade est basé sur le Tahoe, la version ESV (51,8 centimètres plus longue) est construite sur un Suburban alors que le modèle EXT configurable est né d’un Avalanche. Cependant, Cadillac a bien réussi la transformation. De tous les véhicules que j’ai conduits, aucun n’a autant attiré les regards que l’Escalade noir ESV Platinum. Ce dernier roule sur d’immenses roues chromées de 20 pouces, arbore une grille sauvage argentée et intimide les automobilistes avec son air de « je pourrais te iétiner ». Vendue tout juste sous la barre des 100 000 $, cette version constitue le summum du luxe.
Habitacle
L’intérieur se révèle aussi imposant que la carrosserie. Voici mes gadgets préférés. Les quatre sièges baquets ainsi que les porte-verres sont chauffants et refroidissants. C’est hot ou c’est cool! On trouve deux écrans DVD avec écouteurs sans fil. En 2005, la navigation à écran tactile fait son entrée. On peut contrôler la chaîne stéréo Bose optionnelle, les statistiques de voyage incluant un totalisateur pour le travail et le fameux système OnStar à partir du volant de bois. La climatisation automatique à zones multiples peut être réglée de partout. Le coffre demeure spacieux même lorsque la troisième banquette est installée. Cette dernière est d’ailleurs confortable pour les adultes. Dans la version EXT, la partie arrière de la cabine se transforme pour augmenter le volume de la boîte. On peut recouvrir les articles avec des panneaux pliants. Un espace restreint pour les jambes du passager avant à cause de protubérances dans le plancher et quelques pièces Chevrolet bon marché constituent les seuls bémols.
Mécanique
Le V8 de 6,0 litres de 345 chevaux est capable de tirer entre 3357 kilos et 3856 kilos selon la version. La transmission intégrale n’offre pas de réglage. On peut simplement enlever la surmultiplication pour le remorquage. La suspension est équipée de tous les systèmes actuels pour livrer d’excellente performances. Les freins, qui paraissent minuscules à travers les roues du Platinum, réussissent tout de même à ralentir correctement ce monstre.
Comportement
La force du groupe motopropulseur est omniprésente et exploitée avec douceur. On profite d’un confort sans reproche et d’un habitacle paisiblement silencieux. Il est certain que la version Platinum roule un peu plus durement, mais rien de majeur. En courbe, le conducteur constate avec surprise que l’Escalade reste neutre. Mais la suspension active ne chôme pas. La direction à billes est précise, mais elle gagnerait à être plus communicative. On apprécie le sonar de recul, bien fait avec ces indicateurs lumineux positionnés à l’arrière. Grâce au dégivreur dans les grandes glaces latérales arrière, la visibilité demeure remarquable même par temps froid. Comme il se doit, plusieurs microprocesseurs scrutent les nombreux capteurs pour assister la conduite.
Conclusion
Où va s’arrêter cette conquête du marché disproportionnée et polluante des gros véhicules ? Dans son segment, l’Escalade se démarque bien. Chacun peut décider pour soi-même si le déboursé est justifié malgré ses origines Chevrolet. Un fait demeure, les propriétaires actuels indiquent un taux de satisfaction de 90%.
Forces
• V8 formidable • Capacité de remorquage • Équipements ingénieux
Faiblesses
• Déboursé salé • Certaines pièces indignes • Consommation • Rouage intégral seulement
Nouveautés en 2005
•système OnStar de nouvelle génération à commande vocale, bloc d’instrumentation redessiné, garnitures intérieures de ronce de noyer, jantes en aluminium de 20 pouces optionnelles, système de navigation avec écran tactile, embout d’échappement chrome
2e opinion Luc Gagné
• Escalade ? Escalade de prix, oui ! À côté de véhicules originaux comme les CTS, STS, SRX et XLR, l’Escalade ressemble à de la vulgaire récupération commerciale. Comme le rap, d’ailleurs (serait-ce là l’explication de l’engouement des rappeurs à l’égard de l’Escalade ?). Après tout, les trois mastodontes proposés par Cadillac ne sont que de vulgaires clones d’humbles camions Chevrolet: des Tahoe, Suburban et Avalanche déguisés. Des copies plus ou moins conformes qui coûtent au minimum 30 000 $ de plus que l’original. C’est beaucoup d’argent pour un camion en manque de pedigree, qu’on glorifie par l’abondance de boiseries et la sellerie de cuir, mais qui demeure affligé d’un comportement routier pataud. Et les Américains en achètent… Or, si j’avais l’argent pour me payer un utilitaire de luxe, je visiterais plutôt le concessionnaire BMW du voisinage pour commander un X5.