Cette fois, c’est sérieux
Philippe Laguë
C’est un des fantasmes des constructeurs américains : construire une voiture capable de rivaliser avec les berlines de luxe importées. Cadillac compte plus d’un flop à son actif : qu’il suffise de mentionner les Seville des années 1980, la risible Cimarron ou encore l’anonyme Catera… Avec la CTS, la division de prestige de GM se dirige cependant dans la bonne direction.
Carrosserie
La CTS ne peut être confondue avec aucune autre voiture. Original, spectaculaire, agressif, avant-gardiste ; tels sont les épithètes entendues le plus souvent. Mais de là à dire qu’elle est belle… Certains la surnomment la « Cadillac Aztek », ce qui n’est assurément pas un compliment. De façon plus nuancée, on peut dire que le style « coupé à la hache » de Cadillac manque de finesse. Mais j’ai eu droit à plusieurs compliments et regards admiratifs lors de l’essai de la CTS-V.
Habitacle
En s’installant à l’intérieur, on constate très vite que Cadillac n’a pas fait les choses à la légère. La CTS se démarque de ses rivales importées par son habitabilité supérieure. Les places arrière sont particulièrement spacieuses, et confortables avec ça. À l’avant, on prend place dans un baquet bien sculpté, offrant un excellent support latéral. Les habitués des berlines de luxe américaines trouveront le rembourrage un peu ferme, mais ils ne tarderont pas à l’apprécier au fil des kilomètres. La CTS-V a par ailleurs droit à des sièges mi-cuir, mi-suède, une excellente idée car c’est moins glissant. L’insonorisation constitue un autre point fort, tout comme l’ergonomie, qui ne montre aucune faille : les commandes sont simples et faciles d’accès. Et la chaîne audio offre un rendement impeccable. Par contre, quelques lacunes subsistent : il y a d’abord cet ÉNORME volant, qu’on retrouve dans toutes les Cadillac. De plus, quelques espaces de rangement additionnels seraient les bienvenus. Mais c’est la finition très plastique qui déçoit le plus. On reconnaît bien là GM mais consolons-nous, Rome ne s’est pas bâtie en une journée…
Mécanique
La CTS est une berline tout à fait diabolique, capable de faire jeu égal avec les Audi S4, BMW M5 et Mercedes C55 AMG, pour des dizaines de milliers de dollars de moins. On est tenté d’établir le parallèle avec la Corvette et justement, quel hasard! c’est son V8 de 5,7 litres qu’on retrouve sous le capot de la CTS-V. Avec 400 chevaux et le hurlement du gros V8 à l’accélération, les frissons sont garantis. Le résultat est probant : la CTS-V est le premier muscle car à porter l’écusson Cadillac. Il n’est aucunement exagéré de la qualifier de «Corvette 4 portes ». Un petit reproche, un seul : l’imprécision du levier de vitesses de la boîte manuelle avec sa course trop longue. Mais cela n’altère en rien les sensations fortes de cette Cadillac tout à fait démentielle.
Comportement
En prétendant rivaliser avec les meilleures berlines sport allemandes, Cadillac a mis la barre très haute. On a cependant pris soin de donner les bons outils à la CTS-V, au point où elle n’a aucune peine à soutenir la comparaison. Les modifications apportées au freinage, à la direction et à la suspension font une énorme différence. La CTS ordinaire a été louangée – avec raison – pour sa tenue de route et son comportement global, mais la CTS-V nous amène dans une autre dimension. Le roulis a été éliminé et l’adhérence atteint des sommets grâce au travail combiné des trains roulants et de pneus diablement efficaces. Aucune berline américaine n’avait réussi à atteindre les standards des meilleures berlines importées, ni même à s’en approcher; c’est maintenant chose faite.
Conclusion
Décidément, on ne reconnaît plus Cadillac: il fabrique des camions (Escalade, SRX), des GT (XLR) et maintenant, des muscle cars… Voilà une marque pétante de santé et on ne peut qu’espérer pour GM que les autres divisions suivront le chemin.
Forces
•Habitabilité et insonorisation •Sièges confortables •V8 démentiel (CTS-V) •Comportement sportif (CTS-V) •Routière confortable
Faiblesses
• Physique ésotérique • Finition plastique • Volant énorme • Boîte manuelle à améliorer
Nouveautés en 2005
•Version CTS-V arrivée au cours de 2004, nouveau moteur V6 2,8 l, instrumentation redessinée, trois nouvelles couleurs de carrosserie, nouvelles roues de 16 pouces
2e opinion Amyot Bachand
• Cadillac étonne et ravit en créant sa CTS-V. La marque risque gros, mais veut clairement se repositionner parmi les voitures les plus palpitantes à conduire au monde, c’est-à-dire affronter les allemandes sur leur terrain. Avec la CTS-V, Cadillac franchit ce pas, du moins sur le plan de la puissance et de la tenue de route. Sur piste, cette voiture n’a pas à rougir de ses performances. Elle colle au bitume, pousse ses chevaux à l’attaque. Elle fait preuve d’un bon équilibre et son freinage s’avère à la hauteur de ses capacités. J’aime sa silhouette ramassée et compacte qui lui confère une stature imposante. Pour mieux gravir les échelons, il reste à peaufiner certains détails de l’habitacle, comme des baquets plus enveloppants, une retouche des cadrans.