Une Cadillac pas comme les autres
Par Michel Crépault
Quand le groupe rock Led Zeppelin devient le "chantre" officiel d'une marque de voiture, on s'attend à ce que cette voiture casse la baraque. Imaginez quand on se rend compte que la marque en question est Cadillac ! Exit la clientèle gériatrique et bonjour les 35 à 45. Le message est on ne peut plus clair. Mais est-ce que la Cadillac CTS répond vraiment aux attentes de cette génération ?
Carrosserie
La ligne de la CTS illustre un tout nouveau style préconisé par le constructeur américain et qui n'est pas sans rappeler le prototype Evoq. La silhouette exhibe des contrastes saisissants entre des porte-à-faux réduits, des arêtes vives et une calandre massive. Les phares intégrés de la CTS lui confèrent l'image high-tech des instruments d'optique ou encore des lentilles d'appareils photo dernier cri. Tout en hauteur, ils libèrent plus d'espace pour une grille à larges ouvertures rectangulaires en forme de bouclier, avec partie inférieure en forme de V. La vue arrière complète l'avant en reprenant le même emblème coloré sur la ligne médiane et un large troisième feu d'arrêt récidive avec la forme du V. Les flancs du véhicule sont légèrement bombés et le couvercle du coffre se fond dans la base du pare-chocs pour accentuer le dynamisme des lignes. Les acheteurs traditionnels ne retrouveront pas de points de repère Cadillac dans ce nouveau véhicule, et c'est ainsi que la division veut faire les choses : d'une manière différente. Sur ce point, on peut dire que la mission est accomplie, la CTS affiche une image unique. D'ailleurs, au sortir du Salon de l'auto de Québec, où je m'étais rendu au volant d'une CTS, un jeune homme dans la vingtaine, portant veste et casquette à l'emblème de Volkswagen, m'a abordé : " Man! Ça (la CTS), c'est le véhicule le plus hot de tout le salon ! " qu'il m'a-t-il dit le pouce en l'air.
Mécanique
Réalisée sur une plateforme entièrement nouvelle (nom de code Sigma), la nouvelle CTS a été testée sur le célèbre circuit du Nürburgring (des panneaux-réclames hauts de trois étages se sont chargés de nous le rappeler dans toute la province). Le moteur, un V6 de 3,2 litres, est une version profondément remaniée du V6 de 3 litres installé sous le capot de la défunte Catera. Dans sa nouvelle configuration, il délivre 220 chevaux à 6000 tr/min. C'est précisément à ce chapitre que la nouvelle CTS perd un peu de son panache. Sur le plan performance, en effet, le muscle promis arrive à haut régime. Avec comme résultat qu'à moins de 4000 tr/min, la voiture manque de punch. Il faut également admettre que les 220 chevaux semblent bien maigres face aux 260 chevaux de l'Infiniti G35 ou de l'Acura TL Type S. D'ailleurs, les dirigeants de Cadillac ont déjà promis plus de puissance dès l'an prochain. Personnellement, j'aurais livré la marchandise séance tenante. Notre voiture d'essai était équipée d'une boîte de vitesses automatique à cinq rapports en option. Cette boîte GM, répertorié sous le nom de code 5L40-E, bénéficie d'une gestion électronique et de trois modes de fonctionnement : Sport, Hiver et Économie. Comme les plus récentes boîtes de vitesses gérées électroniquement, le passage des rapports s'adapte au profil de la route et au tempérament du conducteur. Ultime raffinement monté pour la première fois par GM, le frein moteur agit sur chacun des cinq rapports. Ainsi, en virage, le rapport reste enclenché même si le pilote décide de lever son pied de l'accélérateur. Et pour ceux et celles qui restent attachés au plaisir du manche à balai, Cadillac propose, de série, une boîte de vitesses manuelle à cinq rapports développée par Getrag, fournisseur notamment de BMW. Les freins à disque aux quatre roues avec ABS font naturellement partie de l'équipement de série. L'antipatinage électronique, baptisé StabiliTrak chez Cadillac, complète la liste.
Comportement
La nouvelle CTS a été testée de manière intensive et mise au point sur le circuit le plus difficile du monde, le fameux Nürburgring en Allemagne. Endroit de prédilection de la majorité des voitures sport et grand tourisme européennes, ce circuit donne la réelle mesure de la capacité des bolides qui survivent à la batterie de tests. De ce fait, rien à redire sur le plan dynamique de la CTS puisque les séances de torture sur le célèbre circuit teuton ont porté fruits. La tenue de route est solide et le comportement se révèle presque neutre dans toutes les situations. Je dis presque, car sur la neige, la motricité arrière jumelée au système StabiliTrak m'a maintes fois fait valser inutilement. C'est finalement dans la boîte à gants que j'ai trouvé l'interrupteur me permettant de désactiver l'antipatinage. Cadillac annonce un 0 à 100 km/h en moins de 7 secondes avec la boîte de vitesses manuelle. Je n'ai pas été en mesure de vérifier ces données, car comme je l'ai dit plus haut, ma voiture d'essai était équipée de la boîte de vitesses automatique. Mais précisons encore une fois que sous la barre des 4000 tr/min, il y a peu d'action sous le capot. Le moteur prend vie à haut régime avec une sonorité étonnante : les habitués de Cadillac n'en croiront pas leurs oreilles alors que les amateurs de borborygmes rauques seront servis à souhait (d'aucuns, cependant, jugeront que la sonorité de ce moteur rappelle un peu trop celui d'une Chevrolet). La mécanique doit également propulser les 1600 kilos de la lourde carcasse, un handicap considérable aux performances. La suspension, enfin, est franchement bonne, beaucoup plus européenne que tout ce à quoi Cadillac nous avait habitués dans le passé. En somme, si la plateforme accomplit de l'excellent boulot, le V6 pourrait profiter de 30 à 40 chevaux de plus. Et d'une transmission intégrale. Deux ajouts qui seraient dans les projets immédiats, selon GM.
Habitacle
Il recèle tous les équipements de confort que la clientèle des voitures de prestige est en droit d'attendre. Les touches de bois sont disposées seulement là où l'utilisateur pourra les toucher : volant, levier de vitesses et poignées de portes. Toutefois, l'omniprésence du plastique à l'aspect bon marché en plein centre du tableau de bord m'a beaucoup agacé lors de la prise de possession de la voiture. Le design intérieur est lui aussi particulier. Comme pour l'ensemble de la voiture, il fait moins appel à la tradition Cadillac, mais exprime la volont&e