Beauté Mobile
Philippe Laguë
Aussi belle soit-elle, l’Audi TT n’a pas que des admirateurs. Les puristes lui reprochent de ne pas offrir les sensations d’une véritable sportive. Or, il semble avoir erreur sur la vocation: la TT mise plutôt sur le style, le luxe et le raffinement mécanique.
Carrosserie
Une réussite esthétique, la TT? Euphémisme! Nous sommes en présence d’un chef-d’oeuvre, rien de moins. S’il y a une voiture qui a fait l’unanimité depuis son introduction, il y a cinq ans, c’est bien elle. Et elle ne semble pas vieillir. En voilà une qui est assurée de passer à l’histoire comme l’une des plus belles automobiles, toutes époques confondues. Mais rien n’est parfait: cette prédominance du style a entraîné quelques sacrifices au chapitre de l’aspect pratique, notamment une piètre visibilité. Mais la raison d’être d’un coupé, c’est son look et sur ce plan, c’est réussi. La TT Roadster n’est pas en reste: elle demeure l’une des plus belles décapotables sur le marché.
Habitacle
Cohérence. Tel est le terme qui décrit le mieux l’habitacle. Comme à l’extérieur, l’influence Art déco est omniprésente, de sorte que la présentation intérieure se marie superbement à la carrosserie. Là aussi, les rondeurs sont à l’honneur : les cadrans du tableau de bord, bien sûr, mais aussi les commandes de climatisation-chauffage et même les buses de ventilation, tout est rond! Tout cela est cerclé d’imitation de chrome, ce qui rehausse le chic de l’habitacle. Mais encore une fois, pour l’aspect fonctionnel, on repassera. Les espaces de rangement se font rares, les vide-poches en filet des portières étant d’une inutilité navrante; quant aux places arrière (dans le coupé), elles sont purement décoratives, la forte inclinaison du toit réduisant au minimum le dégagement pour la tête. Et c’est à peine mieux pour les jambes. À l’avant, c’est tout le contraire : de l’espace partout et des baquets très invitants. Quant à la finition, elle mérite une note parfaite : les matériaux respirent la qualité et l’assemblage est rigoureux.
Mécanique
La TT propose un quatre cylindres suralimenté de 1,8 litre, ainsi qu’un V6 atmosphérique pour la version haut de gamme. Leur puissance, dans l’ordre: 225 et 250 chevaux. Les deux motorisations méritent considération. Le quatre cylindres montre plus de caractère, mais ses réactions très typées, propres aux engins turbocompressés, ne plairont pas à tous. Plus linéaire – trop, même, au goût de certains –, le V6 montre aussi une belle vélocité, tout en étant d’une grande douceur. Contrairement au 1.8T, il ne peut être jumelé qu’à une seule boîte de vitesses. Mais celle-ci constitue la principale attraction de la TT V6: il s’agit d’une boîte séquentielle révolutionnaire, munie de deux embrayages. Les changements de rapports se font à l’aide de deux leviers placés de chaque côté du volant, ou encore en mode automatique. Cette boîte à six rapports brille par sa rapidité d’exécution et par la douceur des passages, beaucoup plus fluides que les boîtes robotisées SMG II de BMW ou F1 de Ferrari. Mais la comparaison s’arrête là, car le V6 de la TT ne vous donnera jamais les mêmes montées d’adrénaline…
Comportement
La TT ne joue pas la carte de la sportive « pure et dure », mais cela ne l’empêche pas d’offrir des prestations de haut rang. Ultrarigide, son châssis lui assure une tenue de route très saine, rehaussée par une motricité exceptionnelle, gracieuseté, cette fois, du rouage intégral quattro. La TT passe très vite en courbe, sans dévier d’un millimètre de sa trajectoire. Et si vous avez trop forcé la note, l’ESP vous remettra dans le droit chemin.
Conclusion
Qu’on se le dise : la TT n’est pas une Porsche ou une BMW M3, ni même une RX-8 ou une 350Z. Elle est différente, tout simplement. Trop civilisée au goût des amateurs de sportives, elle est cependant beaucoup plus polyvalente que celles-ci : elle se prête mieux aux longues randonnées et elle n’a pas besoin d’être remisée l’hiver. Un coupé toutes saisons, d’une exceptionnelle beauté. En tout cas, moi, je l’aime…
Forces
•Chef-d’oeuvre esthétique •Présentation irréprochable •Raffinement mécanique •Utilisation quatre saisons
Faiblesses
•Manque de rangement •Places arrière décoratives (coupé) •Piètre visibilité
Nouveautés en 2005
• Version 180 chevaux à roues motrices avant discontinuée, triangle de détresse et pré-aménagement pour téléphone cellulaire retirés, volant en Alcantara, une nouvelle couleur de carrosserie
2e opinion Benoit Charette
• Comment définir le bonheur automobile ? Certains diront qu’une autoroute sans limites de vitesse où il n’y a pas de circulation alors que vous vous trouvez au volant d’une voiture performante constitue une excellente réponse, ou encore, conduire une voiture sport compacte équipée d’un rouage intégral sur le légendaire circuit du rallye de Monte-Carlo. Et si je vous disais que j’ai eu la chance de faire les deux dans la même journée au volant de la TT 3.2 ? La boîte séquentielle Direct Shift Gearbox ou DSG est la plus belle trouvaille de cette TT. C’est avec l’aide des palettes situées derrière le volant que j’ai découvert la vraie nature du véhicule. Cette boîte à six vitesses est d’une rapidité étonnante ; en moins de deux, nous étions déjà à 160 km/h sur l’autoroute. Du bonheur à grande dose.